Etat civil: les enfants autochtones sans identité de plus en plus rares dans la Lékoumou

Samedi 12 Janvier 2019 - 13:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le travail acharné des comités de veille dans le département, doublé des mécanismes de responsabilisation communautaires, réduit le taux d’enfants autochtones sans acte de naissance. Estimé à plus de mille sept cents jusqu’en début 2018, ce chiffre tend vers zéro à ce jour. Retour sur l’opération « Un enfant autochtone, un acte de naissance » dans le département.

La Lékoumou est l’un des départements du Congo à forte densité en population autochtone. Jusqu’à une époque récente, les naissances de huit enfants sur dix de cette couche sociale n’étaient pas déclarées à l’état civil. Plusieurs facteurs en donnent l’explication. D’abord, les peuples autochtones, essentiellement nomades, se déplacent d’un campement à l’autre au gré des saisons. Une mobilité qui rend difficile le suivi et l’évaluation des naissances.

Les femmes autochtones pouvaient, par ailleurs, accoucher à domicile sans le moindre réflexe de déclarer la naissance faute d’informations. Lorsque l’accouchement se faisait à l’hôpital, les parents n’avaient pas le réflexe d’acheminer les déclarations de naissances à la mairie… « 59,95% de déclarations de naissance n’étaient pas déposées au centre d’état civil, 72,55% des actes pas signés n’étaient pas retirés par les parents », selon les explications de Marie Florence Miengue, chef du quartier 5 Moussanda, à Sibiti, ancienne directrice départementale de la Promotion de la femme.

La donne a changé

Avec l’appui de l’Unicef, plusieurs actions de responsabilisation communautaire ont été menées dans le département de la Lékoumou, de 2016 jusqu’à ce jour. Préfet, sous-préfets, maire, chefs de village, de quartier et de bloc se sont mobilisés pour l’opération ‘’Un autochtone, un acte de naissance’’.

L’agence onusienne en charge de l’enfance a pris plusieurs initiatives dans ce combat visant à faire valoir les droits des enfants, en général, et autochtones, en particulier, qui, faute d’enregistrement à l’état civil, sont sans identité, sans citoyenneté, sans nationalité. Donc apatrides.

Ainsi, les chefs de village, de quartier et de district ont ainsi mis à jour leurs connaissances sur l’importance et le suivi des déclarations de naissance, le remplissage des fiches de renseignement à mettre à disposition de l’état civil. « Lorsque qu’une erreur était constatée sur une fiche mal remplie, celle-ci était automatiquement mise à l’écart au niveau de l’état civil sans informer les parents », ont expliqué les sources concordantes, actrices de l’opération sur le terrain. Les comités de veille ont été mis en place pour rattraper les cas de naissances non déclarées qui passent entre les mailles du filet. Un lien de collaboration a également été établi entre les services de l’état civil et les hôpitaux pour un suivi coordonné.

Le éléments d’appréciation d’efficacité de l’action menée sur le terrain par les autorités ont, par ailleurs, été définis. Le maire est évalué en fonction des actes de naissances signés dans un délai de quinze jours. Le chef de quartier par le taux de naissances recensées dans les ménages et les fiches de renseignement dûment remplies transmises à l’état civil. Les opérations de sensibilisation de porte à porte ont porté les fruits puisque la mobilisation est quasiment générale. Désormais, dès qu’un enfant naît dans tel ou tel quartier, les parents alertent les autorités en dehors du fait qu’entre eux la nouvelle se repand le plus rapidement possible.

Pas de confusion

La situation des déclarations de naissances des enfants autochtones dans ce département n’est pas à confondre avec celle des autres à forte densité en population autochtone comme la Likouala, la Sangha… Le taux d’enfants autochtones enregistrés à l’état civil présente donc des disparités.

Sur l’ensemble du territoire national, « Seulement 32% des enfants autochtones ont un certificat de naissance contre 96% au niveau national (bantous et autochtones confondus) », a précisé la représentante de l’Unicef au Congo, Micaela Marques De Sousa, à l’occasion du séminaire parlementaire d’information et échanges sur la ‘’Plus-value législative’’, le 9 janvier dernier, à Brazzaville. Elle a, par ailleurs, salué les mesures prises par le gouvernement congolais en faveur de l’enregistrement, notamment de la gratuité dans l’enregistrement de naissance et de l’allègement des dispositions pour l’enregistrement tardif de naissance.  

A dire vrai, rien n’est déjà acquis à 100% au plan national. Des efforts doivent se conjuguer permanemment pour atteindre le taux de déclarations de naissances souhaité tant en milieu autochtone qu’en milieu bantou.  L’Unicef et d’autres agences onusiennes sont disposées à accompagner le Congo dans ce combat.

Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

Les autochtones brandissant leurs actes de naissance/ Crédit photo Unicef

Notification: 

Non