Couleurs de chez nous : commerce à la congolaise

Jeudi 24 Janvier 2019 - 21:13

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En parlant du commerce dans leur pays, les Congolais sont unanimes sur un point : le secteur est tenu par les étrangers. On peut le constater à travers la fermeture des boutiques et magasins chaque fois que la communauté musulmane est en fête.

Contrairement aux ressortissants de l’Afrique de l’ouest et d’autres pays chez qui on observe un certain art dans la vente, les Congolais accusent une nette nonchalance. Si les étrangers exerçant le commerce brillent par leur permanence au comptoir ou à la caisse, la disponibilité de l’offre ou la diversité des produits, le portrait du commerçant congolais laisse apparaître le contraire et se résume à l’absentéisme au poste de vente et à l’incertitude de l’offre.

Si seule sa foi peut éloigner le ressortissant des pays de l’Afrique de l’ouest de sa boutique, le Congolais a toutes les raisons pour s’en absenter : visite à un malade, présence à des obsèques, courses privées en ville ou ailleurs, problème d’humeur, campagne religieuse, etc. Sans compter le manque de provisions.

Alors que les autres savent se faire remplacer pour éviter de « fermer boutique », l’égoïsme du Congolais l’empêche de céder son comptoir à un frère, une sœur, un neveu ou un ami. Est-ce à tort ? Assurément non car l’inconscience et l’ingratitude ont beaucoup contribué à la banqueroute de certains qui l’ont expérimenté.

Quoi qu’il en soit, le tableau du commerce tel que pratiqué par les Congolais est truffé de nombreux points noirs. Nulle peine de chercher à s’approvisionner chez un Congolais le dimanche car la journée est entièrement consacrée à la prière. Il n’est pas non plus évident de trouver une boutique qui ouvre avant 6h et qui se referme au-delà de 20h. Surtout ne soupçonner pas l’insécurité derrière cette attitude, parce que, à côté, on trouvera des boutiques ouvertes appartenant à des sujets étrangers.

S’ajoute l’éternel problème de pièces de monnaie. Alors que les autres font cet effort d’en avoir assez pour le change, le commerçant congolais peut renvoyer un acheteur qui lui présente un billet de deux mille francs contre une marchandise de moins de cinq cents francs. Ce que le vendeur ambulant de l’autre rive ne fera pas surprenant même sa clientèle en lui retournant les pièces dans les mêmes conditions.

Même affiche dans les restaurants où manger avant 10h est un exploit. C’est à partir de cette heure-là que l’on passe la serpillière et que l’on place les tables. Temples de querelles, les restaurants le sont non seulement pour le retard dans les horaires d’ouverture mais aussi et surtout pour  la durée des cuissons, la qualité des aliments, les ratés des mets ou de la cuisine, l’amateurisme dans le service, etc.

« Un autre viendra acheter » ; « N’invente pas des histoires. On comprend que tu n’as pas l’argent ! », lance-t-on souvent à ceux qui osent faire des observations.  A la décharge de ce pays, le commerce ambulant qui vient sauver l’image avec de plus en plus l’offre à domicile et à la portière. Même si…

Van Francis Ntaloubi

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