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Au-delà des "gilets jaunes" ...

Samedi 2 Février 2019 - 19:55

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Alors que la France se débat dans une crise sociale dont personne, aujourd'hui, ne peut dire ce qu'il sortira à plus ou moins brève échéance, il n'est pas inutile de réfléchir dès à présent sur les causes du mouvement qui a précipité les "gilets jaunes" dans la rue et d'en tirer les leçons générales.

Ce qui se passe chaque samedi dans l'Hexagone, depuis près de deux mois, peut, en effet, se reproduire ailleurs très vite et pas seulement dans les pays de la Vieille Europe. Exactement comme la Révolution de 1789 a généré de puissants mouvements sociaux bien au- delà des frontières françaises et a provoqué, sur les cinq continents, l'avènement de la démocratie en dépit des terribles violences qui l'avaient marquée. 

A l'origine du mouvement des "gilets jaunes" se trouve un sentiment de frustration qui résulte lui-même de la société de consommation dans laquelle vivent désormais tous les peuples de la Terre. Cette frustration est provoquée par un niveau de vie général qui stagne ou qui ne s'améliore que lentement, alors même que l'offre se fait de plus en plus grande et de plus en plus diverse, donc de plus en plus attirante sur les marchés. Encore peu sensible dans les pays émergents en raison des faibles moyens financiers dont disposent généralement les familles, cette frustration s'accroît fortement dans les pays riches, tout particulièrement dans les zones rurales et les banlieues des grandes cités. Si bien qu'il suffit d'une étincelle pour que le feu prenne, comme on l'a vu en France lorsque les premiers barrages ont été élevés par les "gilets jaunes", à Paris, et à l'entrée des grandes villes de province.

Ce mouvement, qui n'est pas nouveau puisqu'il a marqué les siècles antérieurs, s'avère d'autant plus puissant dans le moment présent que les nouvelles technologies de la communication ont fait disparaître les deux obstacles qui freinaient l'expansion de la révolte, à savoir le temps et l'espace. Alors que jusqu'à une date récente il fallait des heures, voire des jours, pour que la révolte s'étende sur un vaste territoire, le téléphone portable, les tablettes numériques et les réseaux sociaux l'ont rendue aujourd'hui quasi instantanée.

Il suffit, désormais, de quelques clics pour qu'une nation entière soit informée de ce qui se passe dans les rues et sur les routes de son territoire, mais aussi dans le reste du monde. Informée certes, mais aussi désinformée car, le progrès technologique ainsi obtenu a engendré lui-même une explosion des "fake news", autrement dit des informations fausses, trafiquées, qui agissent elles-mêmes comme de l'huile sur le feu. Ce qui explique, notamment, l'apparition en France, au côté des "gilets jaunes", de casseurs de plus en plus violents qui s'en prennent aux forces de l'ordre, élèvent des barricades, dégradent des édifices publics, pillent des banques et des commerces, mettent le feu à des voitures.      

Conclusion de ce qui précède : la crise des "gilets jaunes" en France marque probablement le début d’un mouvement que l'on verra se répandre sur les cinq continents dans les mois et les années à venir. A ce titre, elle mérite, nous semble-t-il, une attention particulière qui dépasse le pays où elle se produit.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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