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Le nouvel âge du Bassin du Congo

Lundi 11 Février 2019 - 10:53

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Alors que le nouveau président de la République démocratique  du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, prend comme on dit ses marques en répondant à l'invitation de ses plus proches voisins que sont l'Angola et le Congo, puis en venant à Addis-Abeba rencontrer ses pairs de l'Union africaine, il n'est ni trop tôt ni trop  aventureux d'imaginer ce qui pourrait se passer s'il parvient à traduire en actes les engagements pris durant la longue et difficile campagne électorale qui lui a permis de prendre les rênes de son pays. Et même si cet exercice semble prématuré à nombre d'observateurs de la scène congolaise, il nous paraît s'imposer compte tenu de la place stratégique que la RDC occupe en plein cœur de l'immense Bassin du Congo. 

Ayant observé avec attention ses premiers gestes à la tête de l'Etat et ayant écouté avec tout autant d'attention les propos qu'il tenait lors de ses premiers déplacements en qualité de chef d'Etat,  nous pouvons dire ceci qui résume en quelques mots la stratégie qu'il suivra très probablement tout au long de ce premier mandat:

Priorité absolue : la stabilisation de son pays que minent depuis des décennies les tensions ethniques, la corruption des administrations, la gestion désastreuse des finances publiques, l'exploitation anarchique des ressources naturelles dont regorge le pays, la stagnation sociale, bref l'incapacité des pouvoirs publics à conduire le pays sur la voie de l'émergence. Autant de problèmes que doivent résoudre, dira-t-on, la plupart des pays du continent,  à cette différence près que l'immensité de la RDC rend leur résolution beaucoup plus difficile. Félix Tshisekedi étant profondément inspiré par les principes de la social-démocratie, l'on peut être certain qu'il s'attachera dès le début de son mandat à résoudre ces problèmes.

Deuxième priorité : mettre un terme aux conflits qui dressent son pays contre plusieurs de ses voisins et qui déstabilisent tout particulièrement ses provinces de l'est, avec les conséquences désastreuses que l'on constate pour leur population mais aussi pour ces mêmes voisins. Un objectif qui ne se concrétisera que si, d'une part, le nouveau président du Congo démocratique restructure et modernise la force publique sur laquelle repose la sécurité intérieure du pays et si, d'autre part, il obtient de l'Organisation des Nations unies une remise en ordre de  la Monusco  qui rende celle-ci tout à la fois plus efficace et moins coûteuse.

Troisième priorité : la constitution d'une communauté régionale qui permette de créer à brève échéance un marché ouvert, concurrentiel, diversifié qui, lui-même, accélèrera fortement la croissance de cette partie du continent et qui, de ce fait, attirera les investisseurs du monde entier avec tous les effets positifs que cela aura. Favoriser l'intégration économique de l'Afrique centrale est pour les nouvelles autorités de Kinshasa le moyen le plus sûr de résoudre les problèmes de toute nature auxquels elles se trouvent confrontées et de positionner la RDC  comme le pivot d'un ensemble humain qui sera le plus dynamique du continent, voire même du Tiers-Monde tout entier.

Que les choses soient claires : si le nouveau président de la RDC parvient dans les prochains mois à traduire en actes ces trois priorités, il résoudra tous les problèmes auxquels celle-ci se trouve confrontée. Mais il ouvrira aussi, et ce n’est pas rien,  un nouvel âge du Bassin du Congo dont le meilleur sortira à brève, très brève échéance.

 

   

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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