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Climatosceptique

Jeudi 14 Février 2019 - 21:24

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On peut définir un climatosceptique comme étant une personne ne croyant pas au réchauffement climatique ou, si réchauffement climatique il y a, qu’il n’est pas dû à l’activité humaine. Le climatosceptique le plus célèbre de notre époque est, vous vous en doutez bien, le président américain Donald Trump qui, alors que l’Amérique sous Obama s’était engagée à une réduction substantielle de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 (par rapport à 2005), Donald Trump, une fois installé à la Maison-Blanche, décida le 1er juin 2017, dans une annonce qui fit l’effet d’une bombe, la sortie des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, ratifié par l’administration Obama en septembre 2016.

Donald Trump est connu depuis des années pour ses déclarations climatosceptiques et depuis son élection à la tête du pays le plus pollueur au monde, il multiplie les décisions et les nominations néfastes pour le climat. Mais peut-on attendre ou espérer mieux d’un dirigeant qui assume ses positions climatosceptiques et qui affirma avec force conviction la chose suivante : « Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour le Chinois pour rendre l’industrie américaine non compétitive » ?

Effet d’entraînement ou pas, il se trouve aussi que de plus en plus d’Américains sont désormais « climatosceptiques » depuis que Donald Trump est devenu président. Alors qu’avant 2017, 71% des électeurs indépendants jugeaient que le réchauffement climatique était bien réel, ils ne sont plus que 65% suite au passage de témoin entre Obama et Trump. Un écart significatif entre la perception publique du réchauffement planétaire et le consensus scientifique a longtemps persisté: plus de neuf climatologues sur dix s’accordent à dire que les humains sont à l’origine du réchauffement climatique, et les études entérinent un consensus de 97%. Et il n’y a pas que chez les indépendants que les choses bougent. L’an dernier, l’opinion publique américaine s’est radicalisée sur le sujet : les Républicains y sont de moins en moins sensibles et les Démocrates s’y résignent plus facilement. Il ressort d’une analyse portant sur plusieurs sondages réalisés entre 2002 et 2010 que les déclarations publiques ou les votes des représentants républicains opposés aux mesures et lois liées à l’environnement sont suivis d’un désengagement du public. Rien d’étonnant, donc, à ce que les électeurs républicains fassent preuve d’un plus grand scepticisme à l’égard du changement climatique quand ils entendent le chef de l’Agence pour la protection de l’environnement des Etats-Unis évoquer les bienfaits du réchauffement climatique, ou le secrétaire à l’Energie expliquer que les océans en sont responsables.

Hélas, force est de constater que le négationnisme climatique revendiqué par le gouvernement Trump a des conséquences mondiales car les impacts économiques du changement climatique pourraient être catastrophiques, alors qu’on prévoit très peu de bénéfices au final. Des perturbations dans le marché mondial, les transports, les réserves d’énergie et le marché du travail, la banque et la finance, l’investissement et l’assurance, feront toutes des ravages sur la stabilité des pays en développement mais aussi des pays développés. Les marchés endureraient plus d’instabilité et les investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension et les compagnies d’assurance auraient des difficultés considérables.

Les pays en développement, dont certains sont déjà engagés dans des conflits militaires, pourraient être entraînés dans des conflits plus importants et prolongés à propos de l’eau, des réserves d’énergie ou de nourriture, conflits qui pourraient perturber la croissance économique à un moment où ces pays seraient en proie à des manifestations plus flagrantes du changement climatique. Il est largement admis que les effets néfastes du réchauffement climatique seront plus importants dans les pays les moins armés pour s’adapter, que ce soit socialement ou économiquement.

En conclusion, il faut donc comprendre qu’il est inutile de perdre son temps à convaincre la minorité des climatosceptiques en dépit de l’évidence. Mais il est préférable de communiquer sur la réalité du changement climatique auprès de la grande majorité, afin que chaque humain comprenne, comme le dit avec justesse l’acteur américain Harrison Ford que: « La nature n’a pas besoin des gens, les gens ont besoin de la nature ».

 

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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