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Comme nos démocraties se ressemblent!

Samedi 16 Février 2019 - 18:21

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Il y a le fait accompli de ce que les mécanismes pour rendre les institutions ainsi que les sociétés qui les hébergent démocratiques sont à peu près connus : les plus partagés renvoient à l’organisation d’élections pluralistes à l’épreuve desquelles ceux ou celles qui sont élus prennent la tête ou siègent au sein de celles-ci pour la durée de leur mandat. Que ce soit à la présidence de la République ou au parlement (l’Assemblée nationale en particulier), les heureux bénéficiaires des suffrages du souverain primaire sont tenus, à la fin de leur exercice, de rendre compte à qui de droit.

Que l’on se trouve sur le continent africain, entré globalement en démocratisation les presque trente dernières années, que l’on soit en Asie et en Amérique du sud, terrains d’expérimentations variées en la matière, ou dans les « vieilles » démocraties occidentales, la question se pose aujourd’hui de savoir si « le moins mauvais des régimes », pour parler comme Winston Churchill, n’est pas en phase d’essoufflement. A savoir que partout, du fait des défis que les pouvoirs issus d’élections n’arrivent pas à surmonter, les adhésions aux remises en cause de l’ordre établi prennent de l’ampleur.

Peut-être est-ce une tendance en cours depuis bien longtemps, mais les signes de cette crise d’asthme devant laquelle le régime démocratique continue de faire le dos rond apparaissent de plus en plus forts de nos jours. Mais où trouver les remèdes à ces problèmes qui pourraient se poser encore avec plus d’acuité les temps prochains ? Est-ce dans l’affirmation de la raison du plus fort comme cela se voit à travers le monde ou est-ce dans le retour à l’ordre un peu ancien (disons plus de soixante-dix ans en arrière) lorsqu’à la création de l’Organisation des Nations unies, le consensus se forma sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats ?    

Prenons le Brexit, la sortie actée du Royaume-Uni de l’Europe des 28. La Première ministre britannique, Theresa May, tente par tous les moyens de faire accepter aux députés de son pays l’accord qu’elle a trouvé avec Bruxelles, pour une séparation en douceur avec ses ex-alliés. Il n’est pas certain que ces péripéties suscitent la controverse au-delà de l’Europe. Va-t-elle prendre la mesure de la perte de confiance que subit son gouvernement et quitter la scène ? Ce n’est pas à l’ordre du jour. Elle a un mandat et espère le terminer normalement.

Prenons le Venezuela. Y a-t-il lieu de dire que le départ en exil de dizaine de milliers de personnes du fait de la crise économique qui frappe le pays soit de la pure farce ? Non, évidemment. Après le temps des vaches grasses sous Hugo Chavez, les Vénézuéliens vivent une pire désillusion et pour tout dire ne savent presque pas à quel saint se vouer. La solution pourrait-elle venir de la fracture provoquée par la déclaration de prise du pouvoir par Juan Guaido, le président de l’Assemblée nationale et du soutien que lui apportent les « vieilles » démocraties ? Comment n’a-t-on pas soutenu l’initiative annoncée par la Colombie, de réunir les deux parties en vue d’un dialogue de sortie de crise ?  

« Gilets jaunes » en France ? En dehors des dirigeants italiens dont les déclarations de soutien au mouvement ont irrité Paris (les choses rentrent un peu dans l’ordre puisque l’ambassadeur de France, rappelé entre-temps pour consultation dans son pays, est reparti pour Rome), il n’y a pas eu beaucoup de polémique à travers le monde sur les revendications des manifestants français. Il n’y en a pas non plus de controverse depuis que le président américain, Donald Trump, est à couteaux tirés avec les démocrates sur le fameux mur qu'il a décidé de construire à la frontière du Mexique.

Tout compte fait, on essaye de demander aux autres ce que l’on ne voudrait pas qu’on vous demande. On le fait en mettant en avant les exigences démocratiques, alors même qu'il saute aux yeux qu'elles s'évanouissent quand on les confronte à la réalité. C’est que réellement, la démocratie comme le moins mauvais des régimes est en crise.

Gankama N'Siah

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