Côte d’Ivoire : Charles Blé Goudé rejoint Laurent Gbagbo à la CPI

Samedi 22 Mars 2014 - 14:44

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Tout comme l’ancien président Ivoirien, l’ex leader des jeunes patriotes va être transféré à la Cour pénale internationale pour répondre de nombreux chefs d’accusation. La décision a été prise par la justice Ivoirienne à l’issue du conseil des ministres du 20 mars.

 

Charles Blé Goudé est inculpé pour crimes de guerre, mais aussi en tant qu’instigateur de meurtres, et violences sexuelles, de persécution et autres actes odieux, ayant été commis lors des violences post-électorales en 2010-2011.

Peu avant ce transfèrement, les autorités Ivoiriennes avaient formulé une demande de sursis à propos de Charles Blé Goudé, mais elle a été rejetée par la Cour pénale internationale (CPI).

« Le gouvernement a marqué son accord pour remettre à la CPI, Charles Blé Goudé. Toutes les dispositions seront prises pour permettre l’exécution rapide de cette décision », a annoncé le garde des sceaux, ministre de la Justice, des droits de l’homme et des libertés publiques, Mamadou Gnénéma Coulibaly à l’issue d’un Conseil des ministres présidé par le Président de la République Alassane Ouattara, soulignant en même temps que le « cas de Charles Blé Goudé est particulier ».

En outre, il a rappelé que c’est Blé Goudé qui a introduit la violence dans les universités ivoiriennes à travers la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI).

« En 2017, c’est lui qui a fermé plusieurs entreprises en s’en prenant aux coopérants. En 2010, c’est  lui qui a demandé que les véhicules de l’ONUCI soient caillassés », a expliqué Mamadou Gnénéma Coulibaly.

Selon lui, « Charles Blé Goudé incarne en soit la violence et la douleur. Nous estimons que le tort causé à la communauté internationale fait que cette communauté peut le juger », a-t-il conclu.

Sauvegarder le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire

En décidant de transférer Charles Blé Goudé à la CPI, les autorités Ivoiriennes se lancent en même temps un défi, celui d’aller jusqu’au bout de leur logique pour prouver à tous qu’elles ne sont pas en train de pratiquer une justice des vainqueurs, comme ne cessent de le dénoncer les militants du Front populaire ivoirien (FPI).

Pour éviter de remettre en cause le fragile processus de réconciliation en cours, certaines personnalités pensent qu’il leur faudra aussi accepter de sacrifier certains proches du pouvoir, qui ont eu à commettre de graves exactions pendant la grave crise sociopolitique qu’a connue son pays.

« Pour que justice soit rendue, il est fondamental que la justice internationale et nationale continuent de poursuivre les auteurs et responsables des graves crimes de la crise post-électorale perpétrés par des pro-Gbagbo mais également par des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et leurs supplétifs, alors que parmi ces derniers, un seul est aujourd’hui inculpé, et uniquement par la justice ivoirienne », a affirmé Me Patrick Baudouin, coordinateur du Groupe d’action judiciaire de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme) et avocat des victimes.

« Nous espérons que la justice nationale, en particulier la Cellule spéciale d’enquête et d’instruction (CSEI) qui a été renouvelée en janvier, jouera pleinement son rôle et va avancer dans les procédures ouvertes devant elle. La majorité des victimes ne trouvera son compte que lorsque l’ensemble des présumés auteurs des graves violations des droits humains répondront de leurs actes » a renchéri  Me Yacouba Doumbia, président du MIDH (Mouvement Ivoirien des droits de l’homme) et avocat des victimes.

Pour le moment, la CPI n’a pas encore lancé un mandat d’arrêt contre un pro-Ouattara. Mais, à l’issue de sa dernière visite à Abidjan, la procureure Fatou Bensouda, avait laissé entendre que cela ne devrait plus tarder.

Encadré

La Cour pénale internationale concentrée sur l’Afrique ?

Le fait que la CPI ait porté son attention uniquement sur les cas africains soulève des interrogations au sujet de l’intérêt qu’elle porte à certains endroits et à certaines personnes et pas à d’autres. En Ouganda par exemple, la CPI a uniquement inculpé la LRA, mais pas le gouvernement pro-américain dirigé par le président actuel. Au Soudan, la CPI a inculpé les responsables du gouvernement.  En République Démocratique du Congo, la CPI est restée muette sur les liens entre les armées de l’Ouganda et du Rwanda, parce que pro-américaines et les milices ethniques qui ont été au cœur du massacre de civils.

Cette réalité a été reprise par le président rwandais, Paul Kagamé qui a qualifié la CPI comme une nouvelle forme d’impérialisme créée par l’Occident et «mise en place seulement pour les pays africains, seulement pour les pays pauvres ».Selon lui, la CPI reflète « le colonialisme, l’esclavage et l’impérialisme ».

Voici la liste de quelques individus ayant fait l’objet d’accusations par la Cour pénale internationale : Joseph Kony, Thomas Lubanga Dyilo, Jean-Pierre Bemba, Saïf al-Islam Kadhafi, Bosco Ntaganda, Omar el-Béchir, Uhuru Kenyatta, Laurent Gbagbo, Vincent Otti, Okot Odhiambo, Germain Katanga, Francis Muthaura, Dominic Ongwen, Mathieu Ngudjolo Chui, Callixte Mbarushimana, Henry Kosgey et autres accusés déjà décédés, tous africains (Soudan, RDC, Lybie, Kenya, Ouganda, Côte d’Ivoire République Centrafricaine).

Yvette Reine Nzaba