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Féminisme nouvelle génération

Samedi 2 Mars 2019 - 17:39

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La libération de la parole des femmes s’est bien opérée sur les réseaux sociaux et permet de mieux condamner les violences sexuelles à l’aune d’un renouveau qui apparaît plus fort que jamais. Les féministes contemporains ont le vent en poupe car ils dénoncent, avec force, les harcèlements sexuels, le tabou des règles, l’emprise des médecins ou la langue patriarcale avec une audience suscitant un réel engouement.

Nouvelle vague dirions-nous, renouveau, troisième vague ou nouvelle génération ? L’on s’accorde unanimement à reconnaître aujourd’hui que le mouvement féministe est plus fort que jamais.

Nous avons connu dans le temps les afro-féministes, les Femen, des collectifs de parents féministes, etc., mais de nos jours, le féminisme est devenu un objet de consommation.

En référence, la maison de haute couture Dior a repris une phrase de l’écrivaine nigériane, Chimamanda Ngozi Adichie, « We should all be feminists », pour en faire un tee-shirt vendu à cinq cent cinquante euros. Les nouvelles générations, souvent élevées par des féministes, ont plus conscience de leurs droits que leurs prédécesseurs et ne laissent plus rien passer. Les féministes prônent une société plus moderne, ils ne réclament plus l’égalité des droits qui est déjà acquise, mais son application réelle. Ce qui justifie que des combats âpres soient livrés ici et là et un Etat africain, en l’occurrence le Rwanda, devient la tête de proue mondiale pour la bonne gouvernance.

De nombreuses questions n’ont pas été réglées par les premières vagues du féminisme, la première concernait la conquête des droits civiques, dans la première partie du XXe siècle. A la faveur de Mai 68 en France, désormais et depuis le milieu des années 1990, ce mouvement fait de la lutte pour la parité son crédo, caractérisé par un contexte économique, social et politique particulier.

C’est une histoire en continu. S’il a fallu deux cents ans pour que les femmes obtiennent les mêmes droits civils, politiques, économiques et familiaux que les hommes, un nouveau champ s’ouvre aujourd’hui pour lequel la loi n’est plus suffisante.

Nous devrions tous accepter de dépasser l’image traditionnelle de l’épouse, la compagne dévouée, celle qui s’illustrait telle une gardienne du foyer, une mère digne, et penser à la femme comme à une personne indépendante, un être humain à part entière.

 Pour beaucoup d’entre nous, le féminisme a toujours été une affaire de femmes. Sacrée erreur, car c’est l’affaire de tous, sans exception, et l’on oublie bien souvent qu’il y a eu, à toutes les époques de l’Histoire, des hommes avertis usant de leur influence pour défendre le deuxième sexe.

Aucune loi naturelle ne consacre ni ne dédie spécifiquement la cuisine, le ménage ou l’éducation des enfants aux femmes. La femme n’est assurément pas un objet à brandir tel un trophée pour les hommes. Le mariage ne doit pas être un tombeau pour elle ni un moyen légal de son asservissement. Ils ne sont pas nombreux ceux qui ont pensé de la sorte et on les retrouve beaucoup plus dans les siècles précédents, ces libres penseurs courageux, écrivains ou hommes politiques.

Il faut redonner de la voix à ces premiers féministes et remettre au goût du jour ce combat d’arrière-garde initié par des hommes et des femmes d’honneurs tels Condorcet, Stuart Mill ou Fourier, qui ont eu la force de bousculer les préjugés, de s’élever contre l’injustice et de dénoncer la prétendue et fausse infériorité de la femme comme le résultat d’un abus de pouvoir.

Il est fondamental de montrer qu’on ne doit pas confondre féminisme et haine des hommes, car les hommes sont désormais de plus en plus nombreux à se revendiquer défenseurs des droits des femmes et donc, prêts à renoncer à certains privilèges au nom de l’égalité.

 

 

Ferréol Gassackys

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Édition Quotidienne (DB)

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