Sport : Marie De La Tour Tchoua, rencontre en altitude !

Jeudi 14 Mars 2019 - 21:25

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Mardi 12 mars. Le commandant de bord du vol 0801 d’Ethiopan Airlines souhaite un agréable voyage à ses passagers avant que l’avion ne s’élance sur la piste pour rejoindre Addis-Abeba. A son bord quelques femmes peu ordinaires, toutes vêtues de rouge, maillots et survêtements  floqués à l’effigie de la DGSP. Je saisis alors la chance d’être entouré des joueuses de l’équipe de la Direction générale de la sécurité présidentielle de volley-ball dames. Rencontre en altitude avec le n°7, assise juste sur le siège d’à côté, Marie De la Tour Tchoua.

Addis-Abeba ne sera qu’un transit, une escale pour atteindre Le Caire, en Egypte,  où va se dérouler le championnat d’Afrique des clubs champions. Alors, prête pour le voyage ? Marie De la Tour Tchoua ne m’avoue aucune appréhension à emprunter cette compagnie aérienne de la République démocratique fédérale d’Ethiopie, quarante-huit heures après le terrible crash du Boeing 737-800 Max de cette même compagnie  et éprouve une sincère compassion pour les victimes et leurs familles. «  C’est un drame pour l’Afrique entière, oui  mais  je n’ai pas peur de voyager en avion,  quand c’est ton  tour c’est ton tour, Dieu seul sait ce qu’il fait », déclare-t-elle. 

Dieu est donc au contrôle de la vie de la jeune volleyeuse de 26 ans, elle-même au contrôle de la DGSP, à un point tel que Marie De la Tour est  surnommée  « Tour de contrôle ».  Tandis que Biyela, sa coéquipière attaquante de pointe, s’amuse à faire quelques selfies  et que l’hôtesse de l’air nous apporte  le plateau repas « Fish or chicken ? », Marie De La Tour (son véritable prénom) me parle sport et famille.

Née dans une famille où il n’est question que de sport…

«  Je suis originaire de Yaoundé où je suis née d’une mère  elle aussi volleyeuse qui fut capitaine de l’équipe nationale du Cameroun et d’un père qui est judoka, ceinture noire 3e dan. Ma grande sœur aînée, Idjolom,  et mon grand frère, Bokagné, jouent eux aussi au volley-ball. Dans la famille, le principal sujet de conversation a toujours été le sport, moi j’étais une enfant timide, j’écoutais les grands et, après avoir fait un peu de gymnastique, j’ai commencé à jouer au volley à l’âge de 10 ans  mais, dans mes rêves d’enfant, je voulais devenir sage femme. Adolescente, je me suis retrouvée comme coupée en deux entre le sport et les études et il m’a fallu faire trois années de terminale pour décrocher mon bac, le sport c’est un truc très exigeant. Enfin bon, j’ai réussi à suivre aussi une formation en gestion contentieux, mais mon rêve comme tous les sportifs africains serait naturellement de jouer dans un club en Europe. Je pratique aussi beaucoup la natation, en  même temps il n’y a pas que le sport dans la vie, j’adore cuisiner le Etok, une spécialité camerounaise, j’aime aussi beaucoup la littérature », nous avoue-t-elle.

Tour de contrôle et chevalière de l’Ordre du Mérite congolais

Maman d’une petite Christiana de 3 ans et d’un garçon de 6 ans, Yohann, la « Tour de Contrôle » garde pour meilleur souvenir un quart de finale de championnat d’Afrique disputé à Tunis, en  2010, contre la sélection de l’Ile de La réunion qui avait obtenu un « pass » pour la compétition. A évoquer ce match, le visage de Marie De La Tour s’illumine d’un large sourire. «  Ce jour là, je réussissais tous mes blocs, c’était comme si je survolais la rencontre, j’étais devenue une sorte de mur infranchissable et nous avons réussi à remporter cette rencontre face aux Réunionnaises au tie break. Le volley, ça se joue aussi dans la tête, il y a une grande part d’anticipation, il faut vite analyser l’aspect tactique et psychologique de l’adversaire, savoir jouer sur ses points faibles, tout ça quoi… », indique-t-elle.

Après un mois et demi de stage, l’équipe est prête à donner son maximum pour ce championnat d’Afrique des clubs champions comme l’affirme Marie de La Tour: « Nous avons travaillé sérieusement et durement pour préparer ce championnat avec notamment un tournoi international et amical  qui aura servi de préparation idéale. Pour célébrer le 8 mars, nous nous sommes réunies pour prendre seulement un jus entre nous, concentrées que nous sommes sur nos objectifs.  L’ambiance est bonne, moi je suis semi-professionnelle, je vis au centre de la DGSP, dans le quartier Nkombo,  à Brazza, où je partage un duplex avec Nina et Josepha, deux co-équipières, elles aussi originaires du Cameroun.  En novembre dernier, nous avons été honorées, et toute l’équipe avec nous, de recevoir la médaille de Chevallier de l’Ordre du Mérite congolais. C’est une fierté et une motivation supplémentaire pour sortir des phases de groupes de ce championnat et aller le plus loin possible dans la compétition ».

 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Marie De la Tour Tchoua

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