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Comment sauver la Libye du chaos ?

Samedi 6 Avril 2019 - 17:50

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Que les choses soient dites ici de façon claire au risque de provoquer l’ire des bonnes âmes aussi inconscientes qu’hypocrites qui se trouvent à l’origine directe des drames que vit la Libye depuis des années : si ce grand pays ne se dote pas à nouveau très vite d’un pouvoir fort, capable d’abord de restaurer l’unité du pays détruite par l’assassinat de Mouammar Kadhafi, le 20 octobre 2011, capable ensuite de lutter efficacement contre les organisations criminelles qui surfent sur sa désunion présente, capable enfin de rendre à la nation libyenne sa puissance passée, il sombrera dans un nouveau chaos dont le pire sortira non seulement pour les Libyens, mais aussi pour tous les peuples de l’immense zone sahélo-saharienne au sein de laquelle il occupe une place stratégique.

Croire qu’un système politique copié sur celui des démocraties occidentales et fondé sur un équilibre des pouvoirs entre les institutions d’une République qui tient plus du mythe que de la réalité, croire donc qu’un tel système parviendra à refermer les blessures ouvertes par la cassure programmée du régime autoritaire précédent, n’est pas autre chose que rééditer l’erreur historique commise par la France, l’Angleterre et les autres puissances occidentales, il y a huit ans. Avec toutes les conséquences dramatiques qui en ont résulté pour le peuple libyen et que paie aujourd’hui au prix fort la nation libyenne tout entière.

Si les pays riches qui sont à l’origine très directe du drame que vit le peuple libyen avaient pour deux sous de bon sens, ils s’abstiendraient de toute nouvelle ingérence dans les affaires intérieures de la Libye. Au lieu de chercher à agir pour mettre fin à la crise que vit le pays comme ils l’ont fait dans le passé récent sous le prétexte fallacieux – fallacieux parce que le but poursuivi était en réalité la confiscation des immenses ressources énergétiques que détient le pays –, leurs dirigeants feraient bien de laisser les protagonistes actuels décider qui, demain, gouvernera le peuple libyen.   

Que les choses soient claires, en effet : seule une personnalité libyenne, mue par la volonté de rassembler le pays et disposant des moyens nécessaires pour y parvenir à bref délai, est aujourd’hui en mesure de ramener la paix durablement sur cet immense territoire. Et si, comme cela avait été affirmé avec force à Brazzaville il y a un an, lors de la conférence qui réunissait les représentants des tribus et des cités libyennes, cette même personnalité s’appuie sur ces forces traditionnelles, elle aura la capacité de relever le défi apparemment insurmontable que constitue la restauration de la paix. Une réalité très concrète que les puissances extérieures feraient bien de prendre en compte si elles veulent éviter le renouvellement des effets à tous égards désastreux qu’a eu l’assassinat du « Guide » libyen.

Ajoutons pour conclure provisoirement sur le sujet que si la Libye ne parvient pas à se doter dans le proche, très proche avenir, d’un pouvoir fort, la vague migratoire qui submerge l’Europe et qui pourrait bien permettre aux tenants de la droite dure d’imposer leur loi à bref délai dans les grandes capitales de l’Union s’intensifiera avec tous les effets négatifs que cela aura. A commencer par la désunion qui a fait tant de mal au Vieux continent dans les siècles antérieurs.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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