Mali : le Premier ministre démissionne

Vendredi 19 Avril 2019 - 13:49

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La lettre de démission du chef du gouvernement malien, Soumeylou Boubèye Maïga, présentée le 18 avril au chef de l'Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, a été acceptée, selon un communiqué de la présidence.

La démission du Premier ministre, en poste depuis seize mois, est intervenue quelques heures avant l'examen par l'Assemblée nationale d'une motion de censure du gouvernement déposée mercredi par des députés de l'opposition mais aussi de la majorité.

Il a présenté sa démission ainsi que celle de ses ministres, selon le texte. Ibrahim Boubacar Keïta « a accepté la démission du Premier ministre et celle du gouvernement, et l'a remercié pour sa loyauté et son sens élevé du devoir », a précisé la présidence.

« Un Premier ministre sera nommé très prochainement et un nouveau gouvernement sera mis en place, après consultation de toutes les forces politiques de la majorité et de l'opposition », selon le communiqué.

La personnalité du Premier ministre cristallisait les critiques depuis plusieurs semaines, d'influents dirigeants religieux musulmans réclamant notamment son départ.

Ibrahim Boubacar Keïta  a reçu, tout au long de la semaine dernière, dignitaires religieux, dirigeants politiques et représentants de la société civile, pour discuter de la situation du pays et leur remettre l'avant-projet de loi de révision constitutionnelle qui lui a été présenté, le 1er avril, par un comité d'experts.

Ces rencontres faisaient suite à une manifestation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Bamako, le 5 avril, contre « la mauvaise gestion du pays », notamment les violences intercommunautaires dans le centre, selon les organisateurs, parmi lesquels d'influents chefs religieux musulmans.

Lors d'une allocution radiotélévisée, le16 avril dans la soirée, le chef de l'Etat a assuré avoir « entendu toutes les colères, décodé tous les signaux, compris tous les messages remontant » du pays, sans évoquer directement le Premier ministre ni son gouvernement.

Il a annoncé l'ouverture d'une « concertation nationale » du 23 au 28 avril avec « les forces politiques et sociales » sur le projet de révision constitutionnelle qui doit être soumis à référendum.

Le chef de l'Etat est longuement revenu sur la « tragédie d'Ogossagou », en référence à la tuerie, le 23 mars, de quelque cent soixante habitants de ce village peul près de la frontière avec le Burkina Faso par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons affirmant lutter contre les djihadistes.

Au lendemain de cette tuerie, le gouvernement a prononcé, le 24 mars, la dissolution de l'association de chasseurs « Dan Nan Ambassagou », lui reprochant de s'être « écartée de ses objectifs initiaux » et a remplacé les principaux chefs d'état-major.

Ces limogeages au sommet de la hiérarchie militaire sont intervenus également après une attaque djihadiste, le 17 mars, contre un camp de l'armée à Dioura (centre), au cours de laquelle vingt-six soldats ont péri.

Depuis l'apparition il y a quatre ans, dans le centre du Mali, du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l'agriculture, qui ont créé leurs groupes d'autodéfense.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, malgré l'accord de paix, censé isoler définitivement les djihadistes, dont l'application accumule les retards.

Josiane Mambou Loukoula et AFP

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