Terrorisme : des discussions prévues à Washington sur le retrait du Soudan de la liste américaine

Lundi 22 Avril 2019 - 13:30

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Au moment où les responsables de la contestation appellent à intensifier les manifestations dans le pays, réclamant l’instauration d’un pouvoir civil, le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane, a annoncé qu’une délégation va se rendre aux Etats-Unis pour des pourparlers sur le sujet.

La visite aura lieu « cette semaine ou la semaine suivante », a déclaré, le 21 avril, le haut gradé de l’armée dans sa première interview à la télévision d’Etat.

L’annonce de ces pourparlers fait suite à la récente déclaration de la responsable du département d’Etat américain chargée de l’Afrique de l’est, Makila James, selon laquelle les discussions en vue de retirer, à terme, le Soudan de la liste noire américaine des « Etats soutenant le terrorisme » sont dorénavant « suspendues ». Washington « continuerait à adapter ses politiques sur la base de son analyse des événements sur le terrain et des actes des autorités de transition », avait-elle prévenu.

Le Conseil militaire a pris le pouvoir après la destitution du président Omar el-Béchir, le 11 avril, sous l'action de la rue, mais continue de faire face à la pression de nombreux manifestants qui réclament son départ au profit d’une autorité civile.

En octobre 2017, les Etats-Unis avaient levé leur embargo commercial sur le Soudan, vieux de vingt ans. Malgré cela, Washington maintient jusqu’à ce jour Khartoum sur sa liste des soutiens internationaux du terrorisme, avec l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord. Quant au Soudan, il avait été inclus sur cette liste en raison d’accusations de liens avec des militants islamistes radicaux, dont le fondateur d’al-Qaïda, Oussama Ben Laden, qui a vécu au Soudan entre 1992 et 1996.

Evoquant les réclamations des manifestants, Morgans Ortagus a fait savoir que « les Etats-Unis soutiennent une transition vers un Soudan pacifique et démocratique dirigé par des civils qui représentent la diversité de la société soudanaise ». De son côté, un haut responsable américain a indiqué que Washington souhaitait « faire en sorte que les militaires quittent le devant de la scène » et confient la transition à des civils. « A plus longue échéance, Washington espère que ce processus débouche sur un gouvernement vraiment démocratique », a-t-il ajouté, sans toutefois évoquer de délai.

Parmi les pays occidentaux qui appellent à une passation rapide du pouvoir aux civils au Soudan figurent les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège. Ces Etats continuent de faire pression sur les militaires depuis l’arrivée d’Abdel Fattah al-Burhane à la tête du Conseil militaire, le 12 avril, même s’il s’est « engagé à instaurer un gouvernement entièrement civil ». Il a assuré dernièrement que les militaires répondraient la semaine prochaine aux demandes d’un pouvoir civil réclamé par les manifestants qui campent devant le QG de l’armée à Khartoum. Abdel Fattah al-Burhane, le nouvel homme fort soudanais, a succédé au général Ibn Ouf, resté seulement vingt-quatre heures à la tête du Conseil militaire.

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1989, Omar el-Béchir, 75 ans, a été renversé, le 11 avril, par les militaires, près de quatre mois après le début d’un mouvement de contestation inédit qui a fini par s’installer, le 6 avril, devant le QG de l’armée, pour réclamer le soutien des militaires.

Le président destitué est visé par deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale lancés en 2009 et 2010 pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour. Il nie ces accusations et le Conseil militaire refuse toujours l’extradition du chef de l’Etat déchu, qui a été transféré dans une prison du nord de Khartoum, laissant cette éventuelle décision au gouvernement civil qu’il s’est engagé à mettre en place.

Nestor N'Gampoula

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