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Afrique : le grand retour de la Russie

Samedi 4 Mai 2019 - 18:03

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À l'époque de la guerre froide, c'est-à-dire du conflit larvé entre la Russie, l’Europe et les Etats-Unis, l'Afrique figurait en bonne place dans les objectifs stratégiques des autorités soviétiques. Très présente dans de nombreux pays du continent, notamment en Afrique centrale avec laquelle elle avait noué des relations de confiance fondées sur une conception commune de la gouvernance publique, l'URSS s'était imposée comme un acteur incontournable.

Les difficultés économiques générées par le communisme et les tensions sociales que celles-ci suscitaient ayant provoqué son implosion au tout début des années quatre-vingt-dix du siècle précédent, l'URSS, redevenue la Russie, avait dû se replier sur elle-même pour se reconstruire. Si elle ne s'était pas retirée du continent, celui-ci n'était plus ciblé comme l'un des objectifs majeurs de la diplomatie alors que ses nouveaux dirigeants s'employaient à mettre de l'ordre dans la gouvernance interne du pays et à relancer son économie sur les bases du libéralisme dont les puissances occidentales avaient démontré l'efficacité.

Le pays s'étant redressé sous l'impulsion de l'homme, Vladimir Poutine, qui le dirige depuis le début des années deux mille, la Russie est redevenue une grande, très grande puissance. Occupant la plus vaste surface de la planète – 17 125 000 kilomètres carrés ! –, à cheval sur l'Europe et l'Asie, détenant des ressources naturelles considérables au premier rang desquelles figurent le pétrole et le gaz, ayant une population aussi nombreuse - cent quarante-sept millions d'êtres humains - que jeune et ambitieuse, la Russie a compris qu'elle ne conservera, ou plutôt ne retrouvera son influence passée que si elle s'implique dans l'émergence du Tiers-Monde.

L'Asie étant en quelque sorte la chasse gardée de la Chine et l'Amérique latine celle des Etats-Unis, l'Afrique redevient aujourd’hui, tout naturellement, un enjeu stratégique pour la Russie. D'où le grand retour qui se prépare dans les bureaux du Kremlin et qui se concrétisera avec force, dans moins de six mois, lors du premier Sommet Russie-Afrique qui se tiendra à Sotchi et que prépare avec le plus grand soin le bras droit de Vladimir Poutine, son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.   

Prévu pour le mois d'octobre, ce sommet affichera de façon claire les nouvelles ambitions de la Russie sur le continent africain. Des ambitions qui ne sont pas seulement industrielles, économiques et financières, mais qui sont aussi diplomatiques, sociales, culturelles et artistiques, l'objectif visé étant de faire à nouveau de la Russie l'un des principaux partenaires de l'Afrique, face à la Chine, à l'Europe qui a pris la juste mesure de l'enjeu et aux Etats-Unis qui sont en train de le découvrir.

S'il est trop tôt pour dire ce qu'il sortira concrètement de la grand-messe qui se prépare et à laquelle des pays comme le Congo prendront certainement une part importante comme le démontrera la prochaine visite du président Denis Sassou N'Guesso à Moscou, il ne l'est pas d'attirer dès à présent l'attention de nos lecteurs sur la portée de cet événement.

Ne serait-ce que pour anticiper ses effets positifs !

 

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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