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Les migrations climatiques

Jeudi 16 Mai 2019 - 21:16

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La question des migrations climatiques n’est pas nouvelle, elle fait partie de l’humanité depuis des siècles. Le facteur environnemental ou climatique a toujours été présent pour expliquer les phénomènes migratoires. On a, par exemple, d’anciennes cités qui ont été dévastées par une sécheresse, une tempête de sable, et cela a conduit des gens à migrer et à peupler la planète au fur et à mesure des siècles.

La différence avec l’époque actuelle réside dans l’ampleur du phénomène : montée des eaux, inondations, désertification sont amplifiées en raison du réchauffement climatique. Les migrations environnementales sont devenues plus visibles, avec des conséquences beaucoup plus graves.

Les trois régions principalement citées quand on parle de migration climatique sont l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie du sud. Selon des chiffres publiés par la Banque mondiale, l’aggravation des effets du changement climatique dans ces trois régions du monde densément peuplées pourrait pousser plus de cent quarante millions de personnes à migrer à l’intérieur de leur propre pays d’ici à 2050. On observe également des déplacements, plus minimes, dans les pays développés, aux Etats-Unis ou en Europe. En cause : des ouragans, des inondations ou encore des incendies liés à la sécheresse.  Mais à la différence d’autres régions du monde, ces pays ont des capacités financières et structurelles beaucoup plus importantes pour y faire face.

Dans son essai publié en 2018 et intitulé « La ruée vers l’Europe, la jeune Afrique en route pour le vieux continent », Stephen Smith, professeur d’études africaines à l’université de Duke, aux Etats-Unis, prédit pour les années à venir une hausse des flux de migrants africains sur les côtes européennes. En effet, selon lui, les transferts migratoires massifs n’en sont qu’à leurs débuts et l’Europe va « s’africaniser ». Derrière le titre polémique, ce livre s’appuie sur de nombreuses références et données démographiques afin d’exposer l’avenir de l’Afrique et de l’Europe dans leur prochaine « confrontation migratoire ». Et cette confrontation migratoire sera principalement causée par le climat si on ne prend pas les bonnes résolutions maintenant.

Pour cela, plusieurs voies sont à suivre. La première est de tout mettre en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit aussi de transformer les plans d’urbanisation en développement, dans le but de prendre en compte les futures migrations climatiques. Et enfin une des options est d’investir dans des moyens visant à mieux appréhender les dynamiques et trajectoires des futures migrations climatiques au niveau national. 

L’autre problème crucial à résoudre dans cette situation est la question juridique. En effet, juridiquement, il n’y a pas de définition des réfugiés climatiques ou des déplacés climatiques. La convention de Genève prévoit des motifs d’attribution du statut de réfugié, dans lesquels il n’y a pas le motif environnemental. Pourtant, elle aussi constate que les migrants se déplacent souvent pour des raisons multiples, hormis à la suite d’une catastrophe naturelle. Comme on peut le voir par la multiplication des conférences et des sommets organisés, la question climatique est devenue un enjeu capital de notre époque. C’est l’Occident qui pollue mais c’est l’Afrique qui trinque. Face à cette situation et à l’absence de solution pérenne, ne soyons plus surpris de voir la jeune Afrique se ruer vers l’Occident à la recherche de solution individuelle de survie.

 

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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