Couleurs de chez nous. Double veillée

Vendredi 7 Juin 2019 - 11:25

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Il y a le lieu de tenue de la veillée et il y a le responsable. Deux sujets sur lesquels les Congolais s’accordent de moins en moins quand survient un décès. Un désaccord nourri par bien de facteurs que nous essayerons de passer en revue car personne n’est épargné ni du point de vue de l’âge ni de celui du statut social.

En principe, le lieu de la veillée mortuaire est connu : c’est le domicile de la personne décédée si celle-ci en avait un qui lui appartenait pour le cas des adultes. Sinon, c’est le domicile des parents que l’on désigne si le décédé est un enfant ou s’il n’a pas de résidence personnelle. D’ailleurs, même la personne locataires a rarement le droit d’organiser une veillée dans la parcelle où elle réside quand bien même elle serait le seul locataire.

Le choix du lieu de la veillée et, voire, du responsable de celle-ci dépend du comportement que la personne décédée a entretenu durant sa vie. Une femme au foyer verra sa famille arracher tous les droits de propriété à son mari si ce dernier ne l’avait pas régulièrement épousée. Même chose pour un père qui n’a jamais assumé ses responsabilités sur son enfant. Il se verra mis au ban quand surviendra le décès de son enfant avec, à la clé, une forte amende à verser.

A propos, on assistera même à une veillée organisée sur deux lieux différents : du côté du père et du côté de la mère. Une double veillée qui n’est pas sans déboussoler toutes les personnes voulant assister la famille éprouvée ou proches de la personne décédée. C’est la même triste réalité pour ces hommes qui ont été logés par leurs femmes. Ici, pour diverses raisons, l’organisation de la veillée mortuaire subit des secousses en termes de lieu et de mobilisation des membres de la famille souvent frileux à l’idée de se déporter au domicile de la veuve.

A ces considérations subjectives et émotives, il faut aligner celles objectives. Il s’agit des raisons pratiques qui obligent des familles à transférer la veillée vers une autre adresse. L’état du terrain est à citer comme un cas de force majeure pouvant commander le changement de lieu tout comme l’enclavement ou l’éloignement. S’ajoutent aussi des considérations d’ordre logistique telles que l’absence d’électricité ou d’eau sur le site ou, de plus en plus encore, l’insécurité dans la zone ciblée.

Il en va de même pour des gens évoluant en dehors de leur pays ou de leur ville d’origine. Un natif de Mossendjo affecté à Ouesso où il évolue depuis vingt ans aura sa veillée écartelée en plusieurs lieux. Mais il arrive que des amis du quartier s’imposent sur la famille pour obtenir l’organisation d’une veillée ici ou là selon l’ancrage de la personne décédée. Sans être exhaustive, cette revue interpelle sur le malaise qui entoure l’observation du deuil au Congo d’autant plus que la loi est quasi muette en la matière et l’Etat se refuse toujours toute immixtion. 

Pourtant, double veillée ou pas, la tombe reste unique.

Van Francis Ntaloubi

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