Environnement : planter des arbres améliore la qualité de l’air

Jeudi 6 Juin 2019 - 22:20

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Les grandes villes du monde entier font face au problème de la pollution atmosphérique. Pour les citadins ayant des vies bien remplies, les parcs urbains sont l’endroit idéal pour se détendre.

Les arbres et les espaces verts présentent des avantages en termes de santé mentale et de bien-être, en plus d’être parfaits pour la détente et les loisirs. Les arbres contribuent à réduire la pollution de l’air, comme le prouvent ces nombreuses études qui démontrent que les matières particulaires, qui sont extrêmement nocives pour nos poumons, sont retenues à la surface des arbres dont les feuilles agissent comme des filtres absorbant les gaz polluants.

Cependant, il faut savoir que même si les arbres peuvent atténuer les effets de la pollution atmosphérique, les dépôts de polluants atmosphériques sur les feuilles peuvent également ralentir la photosynthèse et donc potentiellement ralentir la réduction de la pollution par les arbres. Comme pour tout, l’équilibre est la clé.

L’effet rafraîchissant des arbres

Les arbres contribuent également à refroidir considérablement les températures dans les villes. Dans les climats chauds, la couverture forestière peut réduire les dépenses énergétiques liées à la climatisation, tout en réduisant également la consommation de combustibles fossiles polluants qui alimentent ces systèmes de refroidissement. Des enquêtes expérimentales et des études de modélisation menées aux États-Unis ont montré que l’ombre des arbres peut réduire les coûts de climatisation dans les logements individuels de 20 à 30%.

« Les arbres pourraient réduire les températures jusqu’à 8 ° C dans les villes ainsi que l’utilisation de la climatisation et les émissions associées jusqu’à 40% », affirme Simone Borelli, agent en agroforesterie et foresterie urbaine et périurbaine à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

« Lorsqu’elles font partie d’une mosaïque de paysages plus large, les grandes zones vertes situées à l’intérieur et autour des villes réduiraient également les émissions en évitant l’étalement urbain et les exigences de mobilité excessive », ajoute-t-il.

La plantation d’arbres en milieu urbain doit être faite correctement. Les espèces plantées doivent être celles qui retiennent le plus efficacement la pollution, généralement des arbres à grandes feuilles.

Les autorités doivent également tenir compte de facteurs tels que les vents et l’espacement des arbres. Si l’eau est rare, elles devront envisager des variétés résistantes à la sécheresse et éviter les arbres qui augmentent le pollen et par conséquent les allergies. Cette mesure est d’autant plus importante que l’urbanisation s’accélère : la proportion de citadins sera de 60% en 2030 et de 66% en 2050. Près de 90% de cette augmentation se produira en Afrique et en Asie. Pour faire face aux conséquences de cette croissance rapide et aux défis qui en découlent, un effort à grande échelle est nécessaire.

Construire la Grande Muraille verte des villes

D’une longueur de près de 8000 km et d’une largeur de 15 km, la Grande Muraille verte est un mouvement aux proportions colossales dirigé par l’Afrique, initié en 2007 pour verdir toute la largeur de l’Afrique du nord, une région semi-aride s’étendant du Sénégal à Djibouti. Une décennie plus tard et environ 15% du projet achevé, cette initiative redynamise lentement certains des paysages dégradés de l’Afrique, offrant sécurité alimentaire, emplois et motif de séjour aux millions de personnes qui se trouvent sur son chemin.

Une action de ce type en milieu urbain est en cours d’élaboration à l’initiative de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture et d’autres partenaires en prévision du sommet des Nations unies sur le climat de septembre 2019. Le but est de créer jusqu’à cinq cent mille hectares de nouvelles forêts urbaines et à restaurer ou à maintenir jusqu’à trois cent mille hectares de forêts naturelles existantes dans et autour de quatre-vingt-dix villes du Sahel et de l’Asie centrale d’ici à 2030. Une fois établie, cette « Grande muraille verte des villes » capterait 0,5 à 5 gigatonnes de dioxyde de carbone par an et stockerait le carbone pendant des siècles.

Le 1er mars dernier, l’Assemblée générale des Nations unies a établi la « Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030 », qui devrait donner une nouvelle impulsion aux efforts de plantation d’arbres.

Dans ces écosystèmes forestiers, les arbres ne sont pas les seuls à assainir l’air. Un projet ambitieux de « Greencity Solutions » à Berlin, en Allemagne, vise à associer des applications de haute technologie à un autre purificateur d’air naturel : la mousse.

« La capacité de certaines cultures de mousse à filtrer les polluants tels que les particules et les oxydes d'azote de l'air en fait un purificateur d'air naturel idéal », affirme les ingénieurs de cette firme.

« Mais dans les villes, où la purification de l'air est un défi majeur, les mousses sont à peine capables de survivre en raison de leurs besoins en eau et en ombrage. Ce problème peut être résolu en connectant différentes mousses à une alimentation entièrement automatisée en eau et en éléments nutritifs, basée sur la technologie unique de l’Internet des objets », explique la firme.

L’autre solution est de  planter plus d’arbres qui fourniront la couverture et l’humidité nécessaires qui aideront la mousse à s’implanter et à croître. Il est à noter qu’à l'échelle mondiale, 93% des enfants respirent de l’air contenant des concentrations de polluants supérieures à celles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère sans danger pour la santé des êtres humains. Par conséquent, six cent mille enfants meurent prématurément chaque année en raison de la pollution atmosphérique. Comme si cela ne suffisait pas, l’exposition à l’air pollué nuit également au développement du cerveau, entraînant des déficiences cognitives et motrices, tout en exposant les enfants à un risque accru de maladie chronique plus tard dans la vie.

Agir pour la planète

Les villes surpeuplées et les banlieues où la circulation est très dense sont des points chauds de la pollution de l’air extérieur. Selon l’OMS, 97% des villes des pays à revenu faible ou intermédiaire de plus de cent mille habitants ne respectent pas les normes minimales de qualité de l’air. Environ quatre millions des quelque sept millions de personnes qui meurent chaque année de maladies liées à la pollution de l’air vivent dans la région Asie-Pacifique.

Dans les pays à revenu élevé, 29% des villes ne répondent pas aux directives de l’organisation. Mais dans ces pays aussi, les communautés les plus pauvres sont souvent les plus exposées: les centrales électriques, les usines, les incinérateurs et les routes achalandées sont souvent situés dans des banlieues pauvres ou à leur proximité.

La sixième édition de « l’Avenir de l’environnement mondial », publiée par l’ONU, estime que les mesures d’atténuation aux changements climatiques nécessaires pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris coûteraient environ vingt-deux mille milliards de dollars américains. En attendant, en réduisant la pollution atmosphérique, nous pourrions économiser cinquante-quatre mille milliards de dollars en avantages combinés pour la santé. Le calcul est clair : agir dès maintenant contre la pollution atmosphérique se traduit par une économie de plusieurs milliards de dollars.

 

 

Boris Kharl Ebaka

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