Espionnage : les opposants à Kabila auraient été sous surveillance

Lundi 10 Juin 2019 - 14:55

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A la demande de l’ex-chef de l’Etat, une entreprise israélienne privée de renseignements aurait passé de longs mois à enquêter sur les responsables de l'opposition congolaise, rapporte une émission d'investigation de la télévision israélienne « Uvda ».

Les faits et gestes des acteurs politiques congolais, précisément de l’opposition, auraient été suivis à la loupe sous le régime Kabila par Black Cube, une entreprise israélienne de renseignements qui emploierait notamment d’anciens agents de la Mossad. L'information émane d'une émission d'investigation de la télévision israélienne, « Uvda »,  relayée avec pompe, il y a quelques jours, par l’envoyé spécial de RFI à Jérusalem.

D’après les sources, Black Cube aurait été mandatée fin 2015 par l’ex-président Kabila pour espionner toutes les activités de l'opposition. L’on rapporte même que l’ancien chef de l'Etat, « qui était en contact plus ou moins permanent avec Dan Zorella, directeur de Black Cube », aurait facilité le séjour en République démocratique du Congo des agents de cette entreprise pour mieux suivre de près les activités de ses opposants. « Coltan », telle serait la dénomination de cette opération d’espionnage dont les opposants congolais auraient été l’objet, apprend-on des sources précitées.

Beaucoup d’opposants ont donné de la voix après la divulgation des résultats des enquêtes menées par "Uvda". C'est le cas d’Eve Bazaïba, secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo, indignée par cette façon peu orthodoxe  de traiter les opposants. « Nous disons que c’est scandaleux. Durant tout ce temps, [Joseph Kabila] s’est plus préoccupé de son pouvoir, de son régime au lieu de se préoccuper de la sécurité de la population, du social. Comment expliquer qu’on puisse surveiller, espionner les opposants ? », s’est-elle interrogée.

De son côté, Olivier Kamitatu, le porte-parole de Moïse Katumbi, dit ne pas être surpris. « Finalement, ces méthodes ont abouti à une répression sanglante ces trois dernières années. Donc, cela participait d’une manière de se maintenir au pouvoir. On sait très bien que la République démocratique du temps de Kabila n’avait de démocratique que le qualificatif », a-t-il réagi.  

En attendant d’en savoir un peu plus sur cette affaire qui enflamme déjà la toile, l'entreprise Black Cube a porté plainte en diffamation devant un tribunal britannique contre l'émission d'investigation israélienne "Uvda". Une procédure judiciaire qui, pense-t-on, pourrait permettre d'obtenir plus de détails sur les modalités de cet espionnage et les personnalités qu'il visait. La famille politique de l’ex-président, Joseph Kabila, préfère elle ne pas réagir de manière épidermique, le temps de réunir tous les éléments d’appréciation avant de contre-attaquer. D’emblée, quelques membres du Front commun pour le Congo ont rejeté ces allégations considérées comme de la « pure distraction ».  

Alain Diasso

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