Assemblée nationale : l’opposition phagocytée au profit du FCC

Mardi 11 Juin 2019 - 18:00

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La Cour constitutionnelle a rendu ses arrêts, le 10 juin, dans plusieurs circonscriptions dans le cadre du contentieux électoral au niveau des élections législatives. Il ressort que les députés de l’opposition invalidés, une vingtaine, ont été contraints de céder leurs sièges aux membres de la famille politique de l'ancien président dont les recours ont eu un avis favorable. 

C’est à une redistribution des cartes qu’on assiste, ces derniers temps, dans l’hémicycle du Palais du peuple avec, en toile de fond, la série d’invalidation tendant à fragiliser de plus en plus l’opposition parlementaire. Cette dernière, déjà numériquement faible, est en train de perdre du terrain au profit du Front commun pour le Congo (FCC), ragaillardi à la faveur des derniers arrêts de la Cour constitutionnelle siégeant en matière de contentieux électoraux.

En effet, les députés de l'opposition ayant accédé dans l’hémicycle sous les listes de « Lamuka », l’ancienne plate-forme électorale de l’opposition, ont perdu leurs sièges après examen des requêtes en contestation de leur élection. Au total, vingt-trois parlementaires, de ce qui est aujourd’hui un regroupement politique, ont été invalidés dont vingt et un députés nationaux (huit du Mouvement de libération du Congo (MLC), sept de MCR, quatre de AMK, deux de Dynamique) et deux sénateurs, tous de la plate-forme « Ensemble » de Moïse Katumbi affiliée à Lamuka.

Le MLC particulièrement aura payé le lourd tribut en perdant huit sièges au total sur ses vingt-deux députés nationaux proclamés élus par la Commission électorale nationale indépendante. Le parti de Jean-Pierre Bemba ne compte actuellement que quatorze députés nationaux. Cette situation paraît aux yeux de plusieurs observateurs comme inadmissible parce que tendant à instaurer un parlement monocolore soumis aux fantasmes du FCC et de son autorité morale. Alors que l’examen des contentieux se poursuit à la Haute Cour, l’on craint que la saignée de liquéfaction de l’opposition parlementaire se poursuive. Car, à l’allure où vont les choses, d’aucuns présagent déjà le trop plein du FCC qui peut facilement atteindre quatre cents députés nationaux à lui seul dans un parlement comptant cinq cents membres. Ce qui, à coup sûr, réduira ostensiblement l’opposition à une portion congrue, sans capacité d’influer sur le jeu politique.

Pour maints observateurs, il est clair que les juges de la Cour constitutionnelle subissent des injonctions d’une famille politique. « Il n'y a pas de commune mesure, c'est de l'arbitraire, de l'instrumentalisation », a réagi le porte-parole de Lamuka, Chérubin Okende. « Les arrêts rendus par la Cour constitutionnelle invalidant certains députés siégeant déjà au parlement au profit de ceux dont les recours ont eu réponse positive dénotent une volonté de dépouiller l'opposition d'une bonne partie de ces élus à l'Assemblée nationale au profit du Front commun pour le Congo », a-t-il déclaré.

Alain Diasso

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