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L’Afrique et le défi des énergies renouvelables

Jeudi 20 Juin 2019 - 20:53

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Tout le monde s’accorde à dire que le continent africain dispose de sérieux atouts en matière d’énergie. Plus que cela, l’Afrique dispose d’importantes ressources en énergie renouvelable. A l’heure actuelle, les énergies vertes couvrent un peu plus de 5% des besoins énergétiques du continent, mais elles pourraient atteindre plus de 20% dans dix ans si des infrastructures adéquates et des projets réalistes sont développés. Le terme énergie renouvelable est employé pour désigner des énergies qui, à l’échelle humaine au moins, sont inépuisables et disponibles en grande quantité. Ainsi, il existe cinq grands types d’énergies renouvelables : l’énergie solaire, l’énergie éolienne, l’énergie hydraulique, la biomasse et la géothermie. Leur caractéristique commune est de ne presque pas produire, en phase d’exploitation, d’émissions polluantes et ainsi d’aider à lutter contre l’effet de serre et le réchauffement climatique.

En Afrique, malgré d’importantes ressources en énergies renouvelables, celles-ci sont inégalement exploitées et restent largement minoritaires. Si certains pays misent de manière remarquable sur les énergies solaires ou hydrauliques depuis des années, à l’instar de l’Éthiopie, dont la production d’électricité repose à plus de 90 % sur les énergies renouvelables, suivie par la Zambie, le Mozambique ou encore la Tanzanie, d’autres, plus fragiles, comme le Mali ou le Niger, par exemple, sont moins dotés même s’ils progressent rapidement pour rattraper leur retard.

Cela n’empêche pas les pays africains de prendre des initiatives ou de développer des projets qui s’appuient de plus en plus sur les énergies propres. Parmi les initiatives les plus enthousiasmantes dans ce domaine, on peut citer le projet hydraulique du « Grand Inga » en République démocratique du Congo, qui pourrait produire jusqu’à 40 000 MW et fournir plusieurs pays en électricité.

Au Sénégal, après une première centrale solaire d’une capacité de 20 MW, la seconde structure construite dans la région de Thiès apporte une capacité supplémentaire de 30 MW au réseau électrique de la Société nationale d’électricité du Sénégal, l’opérateur public. En parallèle, au Burkina Faso, la compagnie publique Sonabel a récemment inauguré une centrale solaire de 33 MW près de Ouagadougou.

Ces exemples, pourtant très encourageants, sont malheureusement freinés sur le continent par de nombreux obstacles, dont les plus importants au développement des énergies renouvelables demeurent : le coût élevé des transactions, l’accès difficile au crédit et à la finance, ainsi que la fragmentation du marché. Car les énergies renouvelables sont moins chères quand on investit dans la durée. L’amortissement se faisant sur 20 à 50 ans selon la taille et la nature des projets.

C’est pour cela qu’à côté de cette stratégie des grands projets décidés par les gouvernements, qui peine à produire des résultats concrets et durables, il est important d’inventer un nouveau modèle énergétique. Un modèle non plus fondé sur le développement de vastes réseaux intégrés mais sur des solutions hors réseaux, aux dimensions d’un village ou d’un quartier, plus adaptées aux réalités du continent.

C’est seulement en apportant ces adaptations et ces changements structurels  que l’Afrique parviendra à concilier développement et défi climatique en misant sur les énergies renouvelables.

 

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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