Cinéma: la série "Maîtresse d’un homme marié" divise le Sénégal

Jeudi 4 Juillet 2019 - 22:16

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La fiction aborde les thèmes de la polygamie, la dépression, la sexualité, le mariage forcé, choquant une partie du pays majoritairement musulmane. Ses détecteurs dénoncent une apologie de l’infidélité. Une polémique qui révèle l’hypocrisie d’une société qui craint de voir à l’écran des femmes indépendantes.

Le feuilleton à succès "Maîtresse d’un homme marié" met en exergue une liaison secrète et un mariage polygame. Il fait plus parler que les débats politiques dont les Sénégalais sont si friands. Le contenu de la série provoque de vives réactions dès la diffusion de son premier épisode. Mame Mactar Gueye, vice-président de l’ONG islamique jamra, la juge non conforme. « Cette série fait la promotion de la pornographie verbale, de l’obscénité, de l’adultère, de la formication ; condamnées par la morale la plus élémentaire, mais aussi par les deux religions sénégalaises », relève-t-il.

Saisi par cette ONG, le Conseil national de régulation d’audiovisuel sénégalais a mis en demeure la seconde chaîne nationale 2STV qui diffuse la série « de veiller à ce que les propos, comportements et images jugés indécents, obscènes ou injurieux ainsi que les scènes de grande violence susceptibles de nuire à la préservation des identités culturelles ne soient plus diffusés ».

Si la fiction choque à l’évidence une partie du pays, l'autre par contre n'y voit aucun inconvénient et acclame avec prouesse sa grandeur qui montre une certaine réalité que beaucoup de Sénégalais ne veulent pas accepter. Au Sénégal comme partout ailleurs en Afrique, des hommes mariés entretiennent des relations amoureuses hors foyer. La fiction montre des faits dont chacun peut se retrouver au quotidien. « La question d’adultère ou de sexualité interpelle notre société. Il faut en parler, d’autant plus que les éléments que les Sénégalais ne trouveront pas au sein de leurs propres productions se trouvent ailleurs. Il faut une discussion constructive sur le sujet. La censure n’est pas la meilleure solution pour se faire comprendre », a indiqué Fatou Kiné Sène, présidente de l’Association sénégalaise de la critique cinématographique.

Suivie par des millions de téléspectateurs au Sénégal et des milliers des internautes à travers le monde, cette série met en scène  la vie de cinq femmes sénégalaises dont certaines  sont mariées, d’autres célibataires. Le personnage principal, Marème, une femme célibataire, entretient une relation avec Cheikh, un homme marié. « Je me considère comme un miroir de la société. Ce rôle n’a pas été facile à endosser. On confond souvent ma personne avec mon personnage et j’entends beaucoup de choses. Si cela aurai été un homme, il n’y aurait pas eu les mêmes critiques», a laissé entendre Khalima Gadji,  l’étoile montante, qui joue le rôle principal.

Si le titre de la série met l’accent sur Marème, son contenu décrit la vie de quatre autres femmes qui incarnent la femme sénégalaise moderne. « Le but de cette série n’est pas de dénoncer, mais de faire prendre conscience », a déclaré l’une des actrices.

Cissé Dimi

Légendes et crédits photo : 

Une affiche de la série télévisée

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