Couleurs de chez nous. Vie à l’hôpital

Jeudi 10 Octobre 2019 - 21:22

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On y va pour chercher la guérison. On s’y rend parce qu’on est malade. On y espère des soins, de l’attention et la guérison. Bref ! L’hôpital est tout sauf une maison d’habitation, un espace commercial, une église, un espace de jeux, etc.

Voici la première définition qu’en donne Le Grand Robert : « Établissement charitable, hospitalier (d'abord exclusivement religieux) où l'on recevait les personnes sans ressources, pour les entretenir, les soigner ».

Or, un séjour dans les hôpitaux de chez nous remet en cause cette présentation. Chez nous, malades, personnel soignant, garde-malades et visiteurs ont réussi à changer les missions de l’hôpital. Plutôt que de témoigner la compassion aux patients ou les assister au sens plein du terme, le personnel soignant voit en toute personne malade un acteur économique à qui il faut soutirer le sou en lui vendant tout. Même le sourire !

D’ailleurs, les hôpitaux de chez nous sont des transpositions de la vie dans les quartiers. Quand le voisinage entre malades est difficile, il n’est pas exclu d’assister au grabuge. Ceci, parce qu’on les aura placés sur un même lit sans que cette cohabitation ne prenne en compte ni la psychologie de l’un et de l’autre ni leur moralité respective, moins encore le degré de souffrance de chacun.

A propos des disputes, on distingue trois camps qui s’opposent souvent : le personnel soignant contre les visiteurs ; les visiteurs entre eux et les malades entre eux. Les services de maternité et de pédiatrie sont les deux grands foyers de tensions et considérés comme de vraies usines à gaz où une étincelle suffit pour tout faire embraser. Certainement parce qu’ici et là, la population féminine est ultra majoritaire.

Transposition de la vie des quartiers, car on trouve dans nos hôpitaux des vendeurs ambulants qui proposent diverses marchandises dans les couloirs, des lits de malades transformés en tables à manger quand ils ne sont pas simplement pris d’assaut par des visiteurs ou, bien plus, ces déchets, urines et matières fécales qui renforcent l’insalubrité des lieux tout en favorisant d’éventuelles épidémies ou maladies opportunistes.

Les hôpitaux de chez nous sont aussi des églises car, de nuit comme de jour, des séances de prière y sont organisées mais dans le vacarme le plus absolu, marchant au passage sur le sacro-saint principe qui veut que la vie en ces lieux rime avec silence et sérénité pour la quiétude des malades.

A ces graves déviances, il faut ajouter d’autres fautes non moins négligeables telles ces téléviseurs qui diffusent des programmes parfois déconseillés pour certains publics, ces conversations indigestes et aux allures de commérages dans les salles d’hospitalisation ou même ces cas de malades qui sortent sans se signaler auprès de l’administration hospitalière faute d’argent pour payer les frais de leur séjour médical. Cela, sans compter les récurrents vols d’objets.

Point positif au milieu de ce tableau noir : la solidarité agissante dans les salles ou dans un palier à travers les collectes initiées par les malades pour porter secours à un autre malade démuni et incapable de supporter une ordonnance ou de s’acheter un produit. Tout n’est pas dit mais l’essentiel est là. 

Van Francis Ntaloubi

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