Sommet Russie-Afrique : la rencontre se veut bénéfique aux deux parties

Lundi 21 Octobre 2019 - 12:45

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Le président russe, qui doit coprésider le forum avec son homologue égyptien, Abdel Fattha Al-Sissi, les 23 et 24 octobre à Sotchi, station balnéaire de son pays, a déclaré, le 21 du mois courant, que la réunion à laquelle prendront part une trentaine de dirigeants et de nombreux intervenants sera profitable aussi bien à la Russie qu’aux nations africaines.

« Nous sommes en train de préparer et de réaliser des projets d’investissements avec des participations russes qui se comptent en milliards de dollars », a confié Vladimir Poutine à la presse, ajoutant que « Moscou a beaucoup à offrir aux pays africains.  Le chef du Kremlin a précisé qu'« il s’agira de démontrer qu’il a les intérêts africains à cœur », malgré le fait qu’en vingt ans, il n’a fait le déplacement que trois fois en Afrique subsaharienne, à chaque fois en Afrique du Sud.

Comme preuve de l’engagement russe sur le continent africain, Vladimir Poutine a cité « la coopération militaire et sécuritaire », l’aide contre Ebola, la formation « des cadres africains » dans les universités russes. Il a assuré que tous les projets proposés par son pays se font sans ingérence « politique ou autre ».

Dans ce même ordre d’idées, son porte-parole a rappelé que l’Afrique est un « continent important » avec qui Moscou a « des relations traditionnelles, historiques, intimes ». Il se référait à l’époque de l’URSS.

Au plan de la formation, par exemple, et après des décennies de reflux, la Russie ambitionne de se relancer en Afrique, notamment avec l’Université moscovite d’amitié entre les peuples, qui veut revenir à sa grandeur soviétique et former les nouvelles élites africaines.

Appelée à l’époque soviétique "Patrice-Lumumba", du nom du héros indépendantiste congolais assassiné, cette université était, à partir des années 1960, une pierre angulaire de la politique d’influence de l’URSS. En pleine guerre froide, elle forma nombre de décideurs africains, arabes, sud-américains et asiatiques, mais aussi leurs homologues russes.

Le sommet de Sotchi, destiné à rechercher les meilleurs moyens de renforcer la coopération bilatérale, ne verra pas seulement la participation des chefs d’État et de gouvernement africains, mais aussi des chefs d’entreprise russes et africains. Le programme prévoit des discussions politiques et économiques pour montrer que la Russie peut, comme la Chine ou l’Europe, être un partenaire fiable.

La rencontre servira de plate-forme de débat autour des différents défis actuels dans le monde et la recherche des moyens de renforcer la stabilité. Une déclaration politique sur l’état et les perspectives de coopération entre la Russie et les pays du continent africain sera signée à l’occasion, a fait savoir le Kremlin.

Un tournant décisif dans la coopération bilatérale

« Ce forum sert à marquer le tournant décisif de la Russie vers l’Afrique », a expliqué Evguéni Korendiassov, ex-ambassadeur, aujourd’hui membre de l’Institut des études africaines de Moscou. Dans le cadre de sa diplomatie économique, « Moscou tente, avec des fortunes diverses, de mobiliser ses réseaux de l’époque de la guerre froide et de convertir d’anciennes affinités idéologiques en flux d’affaires », a dit, de son côté, Arnaud Dubien, de l’Observatoire franco-russe, dans une note sur le sujet.

Dans son ensemble, la politique africaine de la Russie se veut très pragmatique. Moscou souhaite réinvestir sur le continent et est prête à s’engager avec tous ceux qui en expriment un intérêt. Mais si elle revient en Afrique après presque trois décennies en retrait, le pays est encore loin de faire concurrence aux puissances occidentales, avancent les analystes. Ils ajoutent que la Russie arrive tard sur le terrain économico-commercial africain par rapport à la Chine, parce que, qu’il s’agisse d’infrastructures ou de ressources naturelles, Pékin a marqué de son empreinte l’Afrique, se posant en concurrent numéro un des puissances occidentales.

En marge des travaux, il est prévu un forum économique réunissant des responsables russes et africains ainsi que des représentants de grandes entreprises, a indiqué le Kremlin, assurant que cet événement verra la signature d’un nombre important d’accords dans les domaines du commerce, de l’économie et de l’investissement.

Notons que dans le cadre du raffermissement des relations avec les pays africains, les dirigeants du continent se sont rendus ces derniers temps à Moscou. C’est le cas des présidents Denis Sassou N’Guesso du Congo (21-23 mai), Filipe Nyusi du Mozambique (août) et de João Lourenço de l’Angola (avril).

 

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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