Livre : Saint-Cyr Coëtquidan Les Bovidés de la « 2-3 », du général Claude Emmanuel Eta-Onka

Mercredi 19 Février 2020 - 18:30

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Avec ces cent quarante-six pages, cet ouvrage publié aux éditions La Bruyère, et préfacé par Jacques Le Bourgeois, docteur en histoire, parle du parcours de Manu et John ; deux élèves officiers de la célèbre école de Saint-Cyr, symbole de l’élite de l’armée de terre française, située à Coëtquidan à quarante-deux kilomètres de Rennes.

A travers le parcours de Manu et John, élèves de la promotion De Gaulle au début des années soixante-dix, de cette école spéciale militaire qui demeure l’objet de bien des interrogations pour les non-initiés, le général Claude Emmanuel Eta-Onka, fait partager le quotidien de ces futurs officiers hors pair. 

Préfaçant cet ouvrage, Jacques Le Bourgeois, docteur en histoire, dévoile son caractère autobiographique. « Claude Emmanuel Eta-Onka nous invite à partager ses souvenirs d’élève officier vécus dans la plus prestigieuse école militaire française, l’École spéciale militaire de Saint Cyr-Coëtquidan. Sorti sous-lieutenant de la promotion Général De Gaulle (70-72), il va retourner dans son pays d’origine, le Congo-Brazzaville, où il fera une brillante carrière. »

Pour Jacques Le Bourgeois, l’ouvrage du général Claude Emmanuel Eta-Onka relate avec humour mais aussi un soupçon de nostalgie, ses années de formation. On y découvre un monde particulier, empreint de traditions qui, pour certains, peuvent paraître anachroniques voire complètement déplacées, un monde rigoureusement discipliné, rigidement structuré, vertical pourrait-on dire, brutal même, cependant profondément humain, où la plaisanterie côtoie la rigueur, le respect, le sens critique frisant parfois l’insolence, mais où triomphent avant tout l’intelligence et l’esprit de camaraderie.

Il revient sur les témoignages de l’ex élève officier. « On entrait à « La spéciale » après un concours particulièrement difficile. La formation durait deux ans. » Eta-Onka, poursuit-il, met l’accent sur la formation physique mais l’aspect académique était aussi important. L’objectif était de former des chefs militaires, aptes à commander dans la difficulté au risque de leur vie et celle de leurs subordonnés en toute conscience de la responsabilité. La devise de l’école qui est celle de « s’instruire pour vaincre » est là pour le rappeler. Vaincre l’adversité, l’ennemi, mais aussi se vaincre soi-même. « Pour apprendre à commander, il nous fallait apprendre à obéir. Au-delà de la discipline formelle, nous découvrions la discipline intellectuelle : la loyauté vis-à-vis des chefs et des camarades, le respect des règles acceptées et le souci constant de mettre ses actes en accord avec ses convictions », témoigne l’ex élève officier.

Eta-Onka, poursuit le préfacier, l’avait compris très tôt. « Une section de Cyr est une entité qui n’a que deux ans de vie administrative. Celle des « Bovidés de la 2-3 » n’échappe pas à la règle. Le qualitatif vient de notre chef de section, le lieutenant Travaillot. Une façon de nous piquer pour mieux nous stimuler. »

Enfin, Jacques Le Bourgeois, ajoute que le récit qu’en rapporte Eta-Onka, montre que la relation de camaraderie qui les unissait a largement dépassé ce cycle. En grand sentimental, il sait fort bien faire vibrer cette corde sensible au rappel de ces souvenirs. « Car ces deux ans passés à Coët figurent parmi nos plus belles années. Nous n’avions que vingt ans. Mais à la sortie, nous étions déjà des hommes. La tête emplie de rêves et d’ambitions, le cœur gorgé de générosité, nous étions prêts à assumer les responsabilités que le destin allait nous offrir pour le meilleur comme pour le pire. Chic à Cyr ! » 

… La cérémonie qui regroupait tout ce beau monde de jeunes gens à peine âgés de vingt à vingt-six ans, marquait solennellement le terme d’une année studieuse. L’enseignement général surnommé « la pompe » côtoyait l’enseignement militaire qui tutoyait l’éducation physique et sportive (EPS), le tout dans une ambiance infernale ou à un rythme de fou. Les maîtres mots ou les expressions clés étaient : « marche ou crève ! », « les nuits sont courtes et les journées longues ! », « ce qui ne rentre pas par la tête rentre par les pieds ! », écrit l’auteur à la page 9.

Le programme de cette cérémonie de clôture de onze mois d’activités soutenues comprenait le baptême des jeunes Saint-Cyriens de la première année, « les bazars », le « triomphe » pour leurs anciens qui en fin de parcours de deux ans devaient porter l’épaulette dorée du grade de sous-lieutenant comme leurs camarades de l’École militaire interarmes (EMIA), et le port de l’épaulette d’aspirant pour les élèves officiers de réserve. 

Qui est le général Claude Emmanuel Eta-Onka ?

Né à Akana (Lagué) dans le district de Lékana (Plateaux), Claude Emmanuel Eta-Onka a fréquenté l’Ecole militaire préparatoire général Leclerc de Brazzaville de 1959 à 1963 (promotion général de Gaulle : 1970- 972). Officier général de brigade, breveté de l’enseignement militaire supérieur français (BMES), il a exercé les fonctions de commandant de l’École militaire préparatoire des cadets de la révolution (ex Général Leclerc) de 1977 à 1979 ; chef d’état-major général des forces armées congolaises (1993-1995) ; ministre de la Jeunesse et des Sports chargé de l’instruction civique (1995- 1996) et de secrétaire général à la Défense nationale près le Premier ministre (1996-1997).

Poète, nouvelliste, essayiste et romancier, ancien président de la fédération des gens des lettres du Congo-Brazzaville (FGLCB) au sein de l’Union nationale des écrivains et artistes congolais (Uneac). International congolais de basket-ball (1963- 1968) et de hand-ball (1966-1981), il a présidé aux destinées de la fédération congolaise de hand-ball (1992- 1996). Claude Emmanuel Eta-Onka est grand officier du mérité congolais et commandeur du mérite sportif congolais. Il est aussi commandeur de la Légion d’honneur française.

Saint-Cyr Coëtquidan Les Bovidés de la « 2-3 », est disponible à la librairie Les Manguiers des Dépêches de Brazzaville, et vendu à 21 Euros, soit 15.000 FCFA.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo : Le général Claude Emmanuel Eta-Onka et son livre (crédit photo/ ADIAC)

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