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La Covid-19

Mardi 26 Mai 2020 - 17:07

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L’adoption par l’Union africaine d’une Zone de libre- échange continentale (ZLEC) avait été saluée sur le continent comme un pas décisif dans le processus d’intégration africaine et fut considérée comme un facteur déterminant dans la marche du continent vers le progrès. Après la ratification de cet accord par plus de trente Etats, cette zone devrait entrer en action au cours de l’année prochaine.  Mais depuis l’apparition de la Covid-19, plusieurs Etats africains, sinon tous, ont adopté des mesures de confinement qui se sont traduites principalement par la fermeture des frontières. Depuis lors, la libre circulation des biens et des personnes, le commerce interafricain, se sont arrêtés. Au moment où plusieurs pays amorcent une timide ouverture à la faveur d’un déconfinement progressif, quel avenir pour la ZLEC ?

Les mesures adoptées par les gouvernements africains ont conduit à l ‘arrêt de l’appareil productif, à la contraction de la demande interne, à la diminution drastique du commerce. Ces mesures auront un impact certain sur le processus de la mise en place de la ZLEC.  A cela s’ajoute le manque d’infrastructures routières ou ferroviaires capables de favoriser la libre circulation. Si les entreprises africaines ont fermé à cause du Covid-19, rien n’indique qu’elles reprendront leurs activités aussi rapidement qu’on le souhaite. 

La plupart des évaluations de nos économies qui sont faites par les spécialités et organismes internationaux concluent sur une récession à venir.  Selon le FMI cité par le Comité national économique et financier, l’activité économique mondiale devrait connaître une contraction de -3,0% en 2020. L’arrêt des appareils productifs dans le monde devrait durer encore quelques mois sinon davantage. Les perspectives économiques de l’Afrique ne sont pas très bonnes. Elles seront affectées par les conséquences économiques et sociales du Covid-19. Ce qui aura pour conséquence de retarder la mise en œuvre d’une zone de libre-échange continentale.

Outre les facteurs extérieurs qui pourraient durablement impacter négativement le processus de la mise en place effective de la zone de libre- échange continentale, il y a des facteurs structurels et techniques.

En effet l’intégration africaine est fondée sur des communautés économiques régionales.   Actuellement il en existe huit qui devraient contribuer à l’expérimentation de cette vision pour être plus tard étendue au niveau continental.

Cependant, les communautés économiques régionales sont loin d’être de vrais instruments d’intégration. Outre les différences de trajectoires et de rythme qui apparaissent entre elles, on note la persistance des survivances nationales au détriment d’une harmonisation de vue notamment lors qu’il s’agit d’adopter une position commune dans le cadre d’une négociation internationale. En zone Cémac, le Cameroun a signé séparément un accord avec l’Union européenne dans le cadre des Accords de partenariats économiques avec l’Afrique : APE

Alors que depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19, les Européens se battent ensemble pour adopter une stratégie commune face aux conséquences de la crise, les Africains manquent de vision commune claire. 

Même si l’Afrique a connu des avancées significatives ces dernières années : indépendance, fin de l’apartheid, démocratie, et ouverture économique, elle peine encore à mettre en place des stratégies continentales pour réaliser le pari de son développement. La ZLEC sera-t-elle emportée par le Covid-19 ? Espérons que non.

Au moment où on fête les 57 ans de la création de cette organisation panafricaine, le rêve des pères fondateurs ne s’est pas encore réalisé. C’est à nous de le réaliser.

 

 

 

 

 

Emmanuel MBENGUE

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Édition Quotidienne (DB)

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