Tribune : 60e année de l’indépendance, la RDC est à réinventer !

Lundi 29 Juin 2020 - 16:44

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La République démocratique du Congo (RDC), mon beau pays, entre ce 30 juin 2020 dans sa soixantième année d’existence en tant qu’Etat indépendant. Une belle opportunité pour interroger la conscience nationale sur la manière dont le rêve des pères de l’indépendance a été assumé par leurs héritiers.

Une évaluation est donc requise pour mettre en balance les acquis et les dérapages ayant émaillé, au gré des âges, la République dans ses différentes mutations pour en dégager des engagements fermes pour l’avenir. En tant que Congolais patriote, j’invite l’actuel leadership à procéder à une réelle introspection pour tirer les leçons de l’histoire de sorte à replacer le pays sur orbite. Soixante ans après, je pense que la RDC mérite mieux. Elle devrait, au stade actuel de son évolution, s’ouvrir des horizons encore plus porteurs. Mais hélas ! Des souvenirs à la fois lointains et vivaces me rappellent ces années fastes du Grand Congo d’après indépendance. Oui, ces années flamboyantes où un franc congolais équivalait à deux dollars américains, où le pays filtrait avec l’émergence et tenait le gouvernail de l’Afrique centrale en tant que pôle de développement, où il pouvait s’autosuffire grâce à son économie florissante, à son système de santé performant, à son potentiel démographique et à ses minerais vendus à prix d’or sur le marché international !  Aujourd’hui, tout n’est que nostalgie. Ce Congo là s’est perdu à jamais dans les dédales de l’histoire.

Fiers d’être Congolais, nous l’avons tous été. Soixante ans après, sommes-nous capables de développer ce même ressentiment ? Pas si sûr. Nous nous sommes écartés du chemin tracé par les pères de l’indépendance. A cause de notre incapacité à sauvegarder les acquis de la colonisation en termes de développement, nous avons craché sur le consensus historique arraché à la table ronde de Bruxelles en 1960. La paresse, le divertissement, le copinage, la mauvaise gouvernance, l’égoïsme des gouvernants, l’enrichissement illicite du personnel de l’Etat, la corruption ainsi que le musèlement de la justice ont détourné le pays de son fabuleux destin.

Tous, nous avons laissé faire. La dictature, les persécutions, l’oppression de la pensée libre et la paupérisation généralisée ont fait fuir nos cerveaux. Nous avons assisté impuissants à la dégradation du pays et à la liquéfaction de son potentiel économique. Plutôt que de sombrer dans un abattement collectif, je pense que l’heure est venue de remobiliser les énergies pour rebâtir, à l’unisson, un Congo solidaire, prospère et heureux. Cela est possible. Nous sommes donc appelés à réinventer le Congo, à promouvoir une pensée et une vision qui assigneraient à la politique un seul but : le bien-être de chaque citoyen.

Puisque le Très-Haut ne nous a pas encore lâchés, accrochons-nous à ce fil d’espérance pour poser les bases du redécollage.  Mes tripes m’incitent à croire en l’avenir de la RDC. Je rêve d’un pays fort dans sa diversité culturelle, un Congo tourné vers son développement, dans la paix et la sécurité, où chacun mériterait sa place.  Avec ses terres arables, sa pluviosité abondante, ses lacs, ses rivières poissonneuses et sa puissance hydroélectrique, la RDC peut bien retrouver ses marques pour redevenir la plaque tournante d’une Afrique en mouvement. Il suffit de bien canaliser les ressources en veillant à leur bonne utilisation dans un contexte économique exempté de corruption et marqué par un leadership responsable bâti sur la justice sociale pour que le pays retrouve le sens de la marche. Je suis sûr que nous pouvons, dans un élan collectif, rebâtir le pays et rallumer cette flamme d’espérance qui a longtemps quitté la conscience du Congolais lambda.

Alain Diasso

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