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A propos du Mali

Samedi 18 Juillet 2020 - 17:56

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Est-on dans le schéma d’un malheur qui ne vient jamais seul ? Et qui se répète depuis des années ? Les événements en cours au Mali ne manquent pas de rappeler ce qu’il s’est passé en 2012, lorsque le président Amadou Toumani Touré avait abandonné le pouvoir après qu’un jeune capitaine du nom d’Hamadou Sanogo s’était présenté en treillis pour l’y contraindre. Raison invoquée à l’époque, l’absence de perspectives pour la défense de la patrie devant l’avancée des djihadistes qui infligeaient de lourdes pertes aux forces de défense et de sécurité.

On connait l’histoire. La junte s’était mise à dos la communauté internationale, en réalité elle souffrait d’un problème de légitimité et n’a pu mener une moindre offensive contre les rebelles et autres djihadistes très actifs dans le pays. A force de pression, elle a fait ses bagages après 20 jours d’une usurpation qui a laissé des traces. C’est en effet durant ces moments que les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad conquièrent le Nord du pays et proclament l’indépendance de cette partie de son territoire. La porte était ouverte à d’autres mouvements armés de diverses obédiences.

Le règne éphémère  des hommes venus redresser la démocratie et restaurer la puissance publique a  fabriqué ses ennemis qui finissent en victimes. Plusieurs soldats « loyaux » qui avaient tenté une action contre Sanogo, ont été arrêtés et passés par les armes. Avant d’être assigné à résidence et présenté devant les tribunaux trois ans plus tard pour répondre de sa responsabilité dans cette dernière affaire, le capitaine avait été élevé au grade de général en 2013 par le pouvoir de transition qui lui a succédé et redoutait sa capacité de nuisance. La paix dans le pays était peut-être aussi à ce prix.

L’élection présidentielle de la fin d’année 2013, qui voit la victoire d’Ibrahim Boubacar Kéita, a pu mettre un terme aux désordres des institutions publiques. Mais seulement dans la partie du Mali non affectée par les rébellions. Car ces mouvements se sont multipliés et menacent la nation malienne d’implosion. Cette situation justifie l’intervention de la France, à travers l’opération Serval, lancée en janvier 2013, officiellement pour endiguer la progression des rebelles vers la capitale Bamako.

Depuis, la donne sous-régionale a changé, le Mali, mais aussi le Niger et le Burkina Faso vivent dans la tourmente des attaques djihadistes à répétition, l’opération Serval, devenue Barkhane s’est élargie au Tchad et à la Mauritanie. Il n’est pas certain que la montée en puissance des forces des cinq pays avec l’appui de la France et d’autres partenaires ait pu parvenir à des résultats espérés. Il n’est pas certain, et les experts le mentionnent que la solution dans cette partie de l’Afrique soit seulement militaire.

Le Mali est donc le terrain sur lequel se vérifie cette réalité du couplage impératif de la solution militaire, indispensable à la survie des Etats, à la solution politique, gage d’un retour durable (?) à la paix civile. Pour profiter à tous, les deux axes doivent en inclure un troisième axe, le développement économique qui, toute considération gardée, semble le cœur du problème. Des cris qui remontent des rangs des manifestants maliens menés par un chef religieux tenace on entend variablement les mots faillite de l’autorité publique, corruption, violence, pauvreté, mais aussi unité et réconciliation.

Par-dessus toutes les revendications, y compris celle du départ du chef de l’Etat, le Mali gagnerait à retrouver son unité en posant au cours d’assises nationales inclusives le débat sur la forme que prendra sa gouvernance publique. Au risque de se répéter les mêmes subrogations qui durent soixante ans, chacun doit se faire violence, mettre un peu d’eau dans son vin.

Gankama N'Siah

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