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Faut-il réécrire l’Histoire ?

Samedi 22 Août 2020 - 16:10

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Cette question pour le moins délicate, sensible, se pose de façon manifeste aujourd’hui alors que la commémoration des évènements qui ont marqué les siècles précédents se multiplie sur les cinq continents avec l’ampleur inégalée que leur procurent les nouvelles technologies de la communication et les réseaux sociaux qui en usent abondamment.

 

Elle se pose en réalité de plus en plus clairement et sous les formes les plus diverses dans le débat public comme en témoignent en Europe les cérémonies qui commémorent les grandes dates des deux guerres mondiales et les questions qui les accompagnent, comme en témoigne aussi aux Etats-Unis le rappel des différentes étapes de la fin de l’esclavage et du suprémacisme blanc, comme en  témoigne en Afrique la célébration de la décolonisation et de l’accession des Etats à l’indépendance, comme en témoigne en Russie le débat qui se précise concernant les déviations mortelles du stalinisme et notamment la création des « goulags » où périrent des millions d’êtres humains comme ce fut le cas en Allemagne avec les « camps de la mort », comme en témoignent en Asie le renversement des rapports de force en faveur de la Chine et la relance de la mythique Route de la soie.

 

D’où l’interrogation qui en découle : faut-il réécrire l’Histoire ? Et cette réponse qui, selon nous, s’impose aujourd’hui et s’imposera de plus en plus dans le débat international en raison du rééquilibrage planétaire des relations entre les grandes puissances que génère l’abolition du temps et de l’espace provoquée par la mondialisation : oui le temps est venu sinon de réécrire l’Histoire, du moins d’en préciser les contours, d’en étudier les conséquences de façon objective et, surtout, d’en tirer les leçons pour le temps présent comme pour les temps à venir sans mettre la tête dans le sable comme le fait l’autruche de la fable qui refuse de regarder la vérité en face.

 

Le problème qui se pose dans ce contexte n’est pas de remonter dans le passé pour établir la vérité car l’essentiel des quêtes historiques qui permettaient de rétablir la vérité sur les grands évènements passés a été effectué par les historiens des cinq continents tout au long des dernières décennies. Il résulte, pour l’heure, du refus plus ou moins affiché des autorités présentes d’en admettre les conséquences sur le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui et donc de prendre les décisions qui permettraient d’en corriger plus ou moins les effets négatifs.

 

Pour ne citer que cet exemple, si l’Europe, les Etats-Unis, le Monde arabe reconnaissaient enfin les conséquences désastreuses qu’ont eues pour l’Afrique l’esclavage, la traite négrière, la colonisation, l’exploitation anarchique des ressources naturelles du continent pendant près de cinq siècles et s’employaient d’une façon ou d’une autre à en réparer les dégâts, les relations internationales prendraient certainement une tout autre allure. Mais encore faudrait-il pour cela que ces nations prennent conscience de leurs responsabilités dans les problèmes que les peuples africains doivent aujourd’hui résoudre et dont elles sont pour une large part responsables.

 

Visiblement nous en sommes encore loin comme le montrent les conséquences désastreuses de la crise qui dévaste aujourd’hui la Libye, le Sahel et qui menace désormais une grande partie de l’Afrique sub-saharienne.

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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