Environnement : un rapport met en évidence les effets croissants du changement climatique

Vendredi 18 Septembre 2020 - 13:21

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Le changement climatique ne s’est pas arrêté pour la Covid-19. Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère atteignent des niveaux records et continuent à augmenter. Après un déclin temporaire dû au confinement et au ralentissement de l’activité économique, les émissions repartent en direction de leur niveau d’avant la pandémie. Le monde est en passe de connaître ses cinq années les plus chaudes jamais enregistrées – une tendance qui va probablement se poursuivre – et n’est pas sur la bonne voie pour atteindre l’objectif convenu de maintenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2° Celsius par rapport aux niveaux préindustriels ou de limiter la hausse à 1,5°Celsius.

C’est ce qui ressort d’un nouveau rapport interorganisations intitulé « United in science 2020 » qui émane d’organisations scientifiques de premier plan. Ce rapport met en évidence les effets croissants et irréversibles du changement climatique, qui touchent les glaciers, l’océan, la nature, les économies et les conditions de vie et se manifestent souvent à travers des aléas hydrologiques tels que les sécheresses ou les inondations. Il démontre aussi comment la Covid-19 a entravé notre capacité à surveiller ces changements dans le cadre du système mondial d’observation. «C’est une année sans précédent, tant pour l’homme que pour la planète. La pandémie de Covid-19 a bouleversé les vies dans le monde entier. Pendant ce temps, le réchauffement de notre planète et le dérèglement du climat se poursuivent», a déclaré le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, António Guterres, dans un avant- propos.

«La nécessité d’une transition nette, inclusive et à long terme pour lutter contre la crise climatique et parvenir à un développement durable, n’est jamais apparue aussi clairement. Nous devons tirer parti de la reprise après la pandémie pour en faire une réelle opportunité de construire un avenir meilleur», a rajouté Antonio Guterres, qui a présenté le rapport le 9 septembre. «Nous avons besoin de la science, nous avons besoin de solidarité et nous avons besoin de solutions», a-t-il complété.

Le rapport United in Science 2020, deuxième de la série, auquel ont contribué le Projet mondial sur le carbone, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco, le Programme des Nations unies pour l’environnement et le Met Office du Royaume-Uni, est coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Il présente les données et les conclusions scientifiques relatives au changement climatique les plus récentes en vue d’étayer les politiques et les actions menées à l’échelle mondiale.

Principales conclusions

La réduction des émissions de CO2 en 2020 n’aura qu’une faible incidence sur le taux d’augmentation des concentrations atmosphériques,  résultat des émissions passées et actuelles et de la très longue durée de vie du CO2. Pour stabiliser le changement climatique, il faut réduire durablement les émissions jusqu’à ramener les émissions nettes à zéro.

On estime que les émissions de CO2 diminueront de 4 à 7 % en 2020 grâce aux politiques de confinement liées à la Covid-19. L’ampleur exacte du déclin dépendra de l’évolution de la pandémie et des mesures prises par les gouvernements pour y faire face. Lors du strict confinement au début du mois d’avril 2020, les émissions quotidiennes mondiales de CO2 dues aux combustibles fossiles ont chuté de 17 % par rapport à 2019, ce qui est sans précédent. Malgré cela, les émissions sont restées équivalentes aux niveaux de 2006, ce qui souligne à la fois la forte croissance qu’elles ont connue ces quinze dernières années et le fait que l’on continue à dépendre des sources d’énergie fossiles.

Au début du mois de juin 2020, les émissions quotidiennes mondiales de CO2 dues aux combustibles fossiles étaient pratiquement revenues à leurs niveaux de 2019, se situant à 5 % environ (fourchette de 1 à 8 %) en dessous des valeurs enregistrées cette année-là, lesquelles avaient atteint un nouveau record de 36,7 gigatonnes (Gt), soit une augmentation de 62 % par rapport à leur niveau au début des négociations sur le changement climatique en 1990.

Il est encore possible de combler l’écart, mais pour cela il faut une action urgente et concertée de tous les pays et dans tous les secteurs. À court terme, on peut déjà faire un grand pas en ce sens en renforçant les politiques existantes qui ont fait leurs preuves, par exemple en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, en utilisant des moyens de transport sobres en carbone et en abandonnant progressivement le charbon. Au-delà de l’horizon 2030, de nouvelles solutions technologiques et un changement graduel des modes de consommation sont nécessaires à tous les niveaux. Des solutions réalistes tant sur le plan technique que sur le plan économique existent déjà.

État du climat mondial

La température moyenne à l’échelle du globe de la période 2016–2020 devrait être la plus élevée jamais enregistrée, soit environ 1,1 °C supérieure aux valeurs de 1850–1900, période de référence pour l’évolution des températures depuis l’époque préindustrielle, et 0,24 °C supérieure à la température moyenne mondiale de la période 2011–2015.

Au cours de la période quinquennale 2020 – 2024, la probabilité que la température moyenne d’au moins une année dépasse de 1,5 °C les niveaux préindustriels est de 24 %, avec une très faible probabilité (3 %) que la moyenne quinquennale dépasse cette valeur. Il est probable (probabilité de 70 % environ) que les températures d’un ou de plusieurs mois au cours des cinq prochaines années dépassent d’au moins 1,5 °C les niveaux préindustriels.

Boris Kharl Ebaka

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