Opération « Mbata y'a bakolo » : l'angoisse gagne les logeurs de sujets étrangers en situation irrégulière

Mercredi 14 Mai 2014 - 15:14

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Leur première crainte est de voir partir leurs locataires, surtout s’ils payaient régulièrement le loyer. Et la deuxième est de voir naître des litiges et contentieux pouvant dégénérer en raison du non-paiement du loyer. Même chose pour les responsables de certaines entités, qui ont peur d’être menacés par leurs employés en situation irrégulière pour des retards de salaires par exemple

La peur des logeurs est alimentée par ce qui s’est passé le 12 mai à Brazzaville, quand un sujet libanais a été tué par son employé originaire de la RDC, et les événements de la semaine dernière à Owando, dans la Cuvette, où des sujets de la RDC en situation irrégulière ont donné la mort à deux officiers et un sous-officier de la force de l’ordre congolaise. Considérant le contrôle des papiers comme une menace dirigée contre eux, ils cherchent à se défendre par tous les moyens, y compris le crime. La prudence devrait être donc être de mise chez les logeurs et responsables d’entités logeant des « sans-papiers ». La rumeur sur la farine de blé contaminée en dit long. En effet, il s’agissait d’un travailleur clandestin employé dans une boulangerie qui avait, après une dispute avec un autre, menacé d’empoisonner le pain. Heureusement, cette rumeur a été arrêtée net et des contrôles stricts sont pratiqués afin que ce genre de chose ne se reproduise pas.

Au moindre litige, tous les logeurs devraient immédiatement saisir la police, car les deux faits cités montrent bien que certains sujets étrangers non en règle sont prêts à tout. Les contrôles policiers sont une menace pour eux, alors qu’il est normal, quand on vit dans un pays étranger, de respecter ses textes et lois.

C’est la criminalité dans les villes qui a justifié cette opération

Loin d’être xénophobes, les forces de l’ordre, et avec elles, la population citadine, ont été amenées à constater que, les mois précédant le lancement de l’opération « Mbata ya bakolo », la plupart des viols, vols, braquages et assassinats étaient davantage le fait d’étrangers en situation irrégulière que des autochtones. En son temps, l’opération « Likofi » menée à Kinshasa avait rassuré bon nombre de Kinois et Kinoises ; aujourd’hui, l’opération « Mbata ya bakolo » à Brazzaville est en train de tranquilliser progressivement les Congolais, en particulier à Brazzaville et Pointe-Noire, car certains quartiers de ces villes n’étaient plus fréquentés dès le début de soirée à cause du grand banditisme qui commençait à s’enraciner.

« Parmi ces groupes des bandits, à Brazzaville par exemple, écrivait Emmanuel Mbenguet, journaliste congolais, on cite en particulier Kaounga, dans la zone s’étendant sur le lycée Thomas-Sankara, la vallée de Moukondo jusqu’au plateau de Nkombo-TV. Le deuxième groupe est dénommé Abeille : il opère dans les quartiers Casis, Bikaroua et le lycée Thomas-Sankara. Il se partage la zone de la gare routière du lycée avec le groupe Kaounga, selon les objectifs. Le groupe B52 opère depuis le lycée Thomas- jusqu’au rond-point Mikalou. Enfin, il y a le groupe Horizon, réputé pour être le plus grand et le plus dangereux par son mode opératoire et la composition de ses membres. Ici, on trouve aussi bien des Congolais que des étrangers. »

Depuis le lancement, le 4 avril dernier, de l’opération « Mbata ya bakolo », ces réseaux de malfaiteurs se désagrègent peu à peu avec les arrestations de certains « cerveaux » et meneurs desdits groupes. En tout état de cause, malgré la bousculade observée pour la régularisation des situations de séjour et de résidence, les forces de l’ordre doivent rester vigilantes, car ce n’est pas parce qu’un bandit s’est mis en règle qu’il accepte d’arrêter ses actes criminels. Il y a deux catégories de sans-papiers : ceux qui s’inquiètent d’être dans cette situation et se précipitent pour obtenir des papiers en règle, et les autres, irresponsables et sans scrupules, qui développent des stratagèmes pour se mettre à l’abri de ce vent que certains parmi eux qualifient de passager, affirmant que très bientôt, il y aura des mesures d’assouplissement.

Le vrai problème est donc celui des frontières où des contrôles permanents et rigoureux devraient être exercés, car on ne doit pas entrer dans un pays étranger comme dans une église. Sur cette question, plusieurs voix s’élèvent pour dire qu’entre la République du Congo et la République démocratique du Congo, par exemple, il n’y a jamais eu un plan clair d’immigration prenant en compte les intérêts de chaque pays. Ce sont plutôt les migrants qui dictent leurs volontés.

Faustin Akono