Dak'Art : Brazza et Kinshasa réunis à la Biennale par Bill Kouélany

Samedi 17 Mai 2014 - 1:15

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La biennale de Dakar, Dak'Art, est le plus grand événement d'art contemporain sur le continent. Sa onzième édition a été était lancée le 9 mai. Depuis 2006, le Congo n'est pas été représenté dans le in de la biennale, où est présenté l’exposition officielle. Comme pour contrer cette absence, Bill Kouélany a organisé une exposition des résidents de l'Atelier Sahm dans le off de la biennale. Quinze jeunes artistes sont exposés, dont dix ont fait le déplacement

Les Dépêches de Brazzaville : Vous avez une longue expérience de cette biennale ?
Bill Kouélany  : Ma première expérience de la biennale remonte à 2002.  C'était comme un tremblement de terre pour moi. J’ai connu l'art contemporain par les livres, qu'avec des noms d’artistes européens ou américains. La découverte d'artistes africains contemporains a produit une effervescence. En 2006, j’ai été invitée pour la dernière fois à la biennale, et depuis aucun artiste congolais n'a représenté le pays. L'idée d'exposer de jeunes artistes congolais à la biennale a germé en 2006, car mes amis artistes camerounais, toujours nombreux à être sélectionnés, m'ont fait remarquer que j'étais la seule Congolaise.

Pourquoi les artistes congolais sont-ils si peu présents à la biennale ?
L'art contemporain est peu connu au Congo. Je crois que l’influence de l'École de Poto-Poto est encore très forte au pays. L'art est lié à la vente, et quand on cherche à acheter l'art au Congo on va à l’École de Poto-Poto. On a du mal à  imaginer que d’autres choses existent. J'ai fondé l’Atelier Sahm  en 2012 comme lieu de résidence pour jeunes artistes qui sont souvent des étudiants à l’École des Beaux-Arts de Brazza où l'enseignement reste classique.

Comment vous avez réussi à amener les jeunes artistes congolais à la biennale de Dakar ?
Le projet de voyage éducatif à la biennale est né  bien avant l'ouverture des ateliers Sahm. En 2013, j'avais répondu à l’appel à  projets lancé par l'Institut français de Paris. Mon projet a été retenu, et la commission était enthousiaste dès le départ. J'ai obtenu 5 000 euros pour le projet, mais ça ne suffisait jamais. Le reste du financement est venu à la dernière minute. Royal Air Maroc m'a accordé quatre billets, l'Institut français du Congo deux billets, le directeur de la Siat, M. Demba, qui est membre du jury de l’atelier Sahm, m'a accordé une somme de 800 000 FCFA. J'ai également lancé un appel à contribution sur internet et pendant  les vernissages les gens donnaient entre 200 000  et 300 000 FCFA.

Le choix des œuvres a-t-il été difficile pour vous ?
Pas du tout. On expose les œuvres de tous les jeunes artistes que j'ai suivis lors des ateliers. Les œuvres exposés sont des créations spécialement conçues pour Dak'Art.  Les artistes ont travaillé pendant un mois jusqu'à 4 heures du matin pour exposer à Dakar, et je pense que c'est réussi. Ce qui compte pour moi, c'est leur évolution et leur sensibilité. J’interviens parfois pour donner une direction, comme par exemple pour la série de Van Andréa, Les Boxeurs. J'ai conseillé de représenter des gens ordinaires comme boxeurs, car il y avait déjà beaucoup  de travail fait dans les arts sur les boxeurs. Jordy Kissy Moussa m'a montré quelques feuilles des séries sur les présidents d'Afrique. Je lui ai conseillé de remplir  la carte du continent avec des portraits imaginaires.

L'exposition est incluse dans le off de la biennale. Cela veut dire que vous vous occupez de toute l'organisation ?
Oui. Je loue la salle d'exposition dans le centre culturel Biscuiterie de la Médina, et une maison pour loger les filles. Les garçons sont logés par l'ambassadeur du Congo au Sénégal à titre privé.

Qu’espérez-vous de ce voyage ?
La biennale m'a donné beaucoup quand j’étais une jeune artiste. Le niveau des oeuvres exposées est très haut. On visite les expositions ensemble et on discute. Je sens que ce voyage aura le même impact sur les jeunes, comme ce fut mon cas, ce n'est pas peine perdue. Peut-être qu'en 2016 le Congo sera de nouveau présent à la Dak'Art !

Propos recueillis par Sasha Gankin