Finale de la Coupe du monde Brésil 2014 : les derbys du pape

Jeudi 10 Juillet 2014 - 19:45

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Le pape est un passionné de football ; il est originaire d’un pays où le ballon rond constitue une sorte de religion

En ces heures d’une actualité toute marquée par la 20e Coupe du monde de football, il n’est pas facile de rester pape et de s’en tenir aux seules choses de Dieu. Si tout le discours du chef de l’Église catholique reste résolument ancré sur l’exaltation des valeurs de solidarité, de fair-play et de fraternité dans le sport, le pape actuel n’en reste pas moins lui aussi attaché à un pays. Et quand il l’oublie, les journalistes le lui rappellent avec des questions qui, à longueur d’audiences, renvoient à la même chose. « Très Saint-Père, allez-vous soutenir l’Argentine ? » La question, sous une forme directe ou détournée, a maintes fois été posée au Souverain pontife. Avec habileté, celui-ci l’a toujours esquivée. Avec le sourire et/ou la malice. Pourtant, ce passionné de football, supporteur reconnu de l’équipe argentine du San Lorenzo, a parfois été « coincé » par l’actualité de la programmation des matchs de la Coupe du monde au Brésil.

Une actualité qui s’est arrangée pour fabriquer ce que les médias italiens ont appelé « les derbys du pape ». À la tête du Vatican, le pape François est bien entendu un chef d’État. Mais, cas unique dans le monde, il est aussi citoyen de son propre pays, en l’occurrence l’Argentine. D’ailleurs, au début de cette année, il s’est cru obligé de renouveler son passeport argentin, arguant que celui du Vatican ne devait lui servir que dans les seules occasions officielles !

Ainsi, le chef du Vatican se retrouve en face de réalités nationales qui peuvent parfois être antagonistes. La Coupe du monde du Brésil n’a pas dégagé une rencontre devant opposer l’Italie (sortie au premier tour) à l’Argentine, par exemple. Pourtant, le 1er juillet dernier, il y a bien eu une rencontre Argentine-Suisse. Il faut savoir qu’en vertu d’accords datant de …1512, la sécurité du pape relève exclusivement des soldats… suisses ! Le 1er juillet, « l’affrontement » a donc eu lieu : l’Argentine et la Suisse se sont affrontées au football sur le terrain : 1 à 0.

Le pape, que les Gardes suisses pontificaux avaient convié à venir suivre le match sur écran géant dans leur caserne, avait décliné l’invitation en expliquant sobrement qu’il « ne pouvait pas ». Mais au cours d’une audience, il avait bien lancé à un de ses Gardes suisses en plaisantant : « Ça va être la guerre ! ». La guerre n’eut pas lieu. Le match en lui-même n’a pas laissé des souvenirs impérissables tant il pouvait aussi bien être gagné par les Suisses. Il l’a été par l’Argentine.

Mais, c’est sûr, le pape attend la finale de ce dimanche. L’Argentine sera opposée à l’Allemagne. Au Vatican, des plaisantins ont déjà titré : « l’autre derby ». Car il s’agit de la rencontre de pays ayant dégagé les deux derniers papes. Deux papes qui continuent de vivre l’un pas loin de l’autre au Vatican, autre fait jamais vu dans l’histoire. C’est donc Benoît XVI contre pape François à l’affiche (voir notre photomontage réalisé par un prêtre ivoirien).

Lucien Mpama

Légendes et crédits photo : 

Photomontage du pape François et de Benoît XVI.