Design textile : quand raphia et jute pointent le nez dans la mode

Samedi 9 Août 2014 - 1:15

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L’originalité avait sa place dans l’exposition Futur D qu’a abritée la salle de l’Institut supérieur des arts et métiers dédiée à cet office, avec notamment le projet de Julie Kankolongo qui détonnait admirablement

Abacost, mélange de tissu et de raphia teints à côté d’un des trois sacs en jute de Julie KankolongoPlacées côte-à-côte avec ceux des huit exposants parmi les vingt étudiants de la promotion actuelle en option design textile, stylisme et création de mode du cours de conception textile, les travaux de Julie Kankolongo et de Makibia Wa Kapuku ont plu à de nombreux visiteurs de Futur D à la fin du mois de juillet.

Assez atypique, le travail de Julie Kangkolongo exposé à quelque pas de l’entrée attirait une attention particulière. C’est dire que son « intégration de la jute et du raphia dans la mode » suscitait un intérêt réel. Il était impossible de ne pas passer de la simple curiosité à l’admiration après le premier coup d’œil. En effet, partir de la toile de jute qui au quotidien passe pour une matière négligeable, ou encore « un élément complètement abandonné, dérisoire », comme l’a souligné Cedrick Nzolo, pour offrir un vêtement attrayant au premier regard n’est pas peu de chose. Le résultat obtenu après avoir mis à contribution de la teinture est tout simplement ravissant. Le procédé utilisé est expliqué par l’enseignant : « La teinture est l’une des techniques d’usage en design textile pour changer l’aspect physique du tissu. On peut perdre de la couleur ou en rajouter, jouer sur les nuances ou les tons… » Et donc, pour le cas de figure, le jeu de Julie Kangkolongo sur les nuances et les tons ont du bon. Elle a conçu trois modèles de sacs féminins, dont deux en toile de jute, assortis à un ensemble féminin jupe et haut en jute également, ainsi qu’une tenue masculine, un abacost associé à du raphia.Ensemble féminin en tissu mélangé avec de la toile de jute teinte

Si la capacité des étudiants à produire des travaux appréciables est avérée, c’est une étape qui requiert une évaluation sans complaisance avant d’espérer en arriver à celle ultime de la commercialisation. Car, à ce niveau, a estimé Cedrick Nzolo, il reste encore à faire avant d’atteindre ce but. Une autre paire de manches qui nécessite que l’ouvrage soit présenté avec un peu plus de raffinement. Car, « pour arriver à les vendre, il faut retravailler une ou deux fois ces premiers prototypes en regardant les erreurs, les minuties à observer au niveau des coutures, les détails », a-t-il affirmé. Et d’expliquer ce souci du respect du détail par le fait que le client potentiel ou « les personnes en face d’un produit doivent ressentir une certaine émotion. L’émotion est guidée par la qualité des détails qui sont pris dans toute leur considération de sorte à inciter les personnes à désirer vraiment l’acquérir. »

Chanel et Gucci s’invitent

Les travaux de Makibia Wa Kapuku portant sur le « textile pour les accessoires de mode » ont pris pour point de départ le design textile et abouti au niveau du stylisme. En ce qui concerne le design textile, elle a travaillé son tissu avec un ensemble de formes géométriques simples avec le bleu comme tonalité. Quant à sa touche au niveau du stylisme, elle a consisté à créer une collection de sacs, dont les trois premiers modèles conçus présentés sont un sac à bandoulière, un cabas et une minaudière. Ces sacs sont « des produits qui seront commercialisés en séries ou en pièces individuelles », nous a fait savoir Cedrick Nzolo. Makibia a associé son textile imprimé à du simili cuir sur lequel elle a ressorti un damier, une technique qui a permis de donner un certain volume à sa création et de rehausser la qualité du cuir. Car, nous a expliqué l’enseignant, «Makibia Wa Kapuku montrant ses créations personnelles le type de coutures et le nombre de points donne une certaine élégance au produit ». Dans une seconde partie de son travail, Makibia s’est focalisée sur le stylisme. Elle s’est servie de matières trouvées sur le marché pour la réalisation de modèles créés à partir de dessins personnels.

Pour sa part, l’étudiante a pris le parti d’ajouter quelques commentaires quitte à nous livrer certains détails de son travail. «  J’ai travaillé sur les sacs à main avec pour inspiration le matelassé de Chanel et le bambou de Gucci. Mes sources d’inspiration sont les formes géométriques et les couleurs. J’ai teint les motifs à la main. C’est le fruit d’une recherche personnelle », nous a dit Makibia.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Abacost, mélange de tissu et de raphia teints à côté d’un des trois sacs en jute de Julie Kankolongo. (© Dr) ; Photo 2 : Ensemble féminin en tissu mélangé avec de la toile de jute teinte. (© Dr) ; Photo 3 : Makibia Wa Kapuku montrant ses créations personnelles. (© Dr)