Roga-Roga : « Au Congo, nous avons des artistes talentueux »

Samedi 6 Septembre 2014 - 6:00

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Le 31 août, le célèbre artiste-musicien congolais Roga-Roga Zébira Zatatatou, le suprême lampadaire, a fêté ses 40 ans au cours d’un show qu’il a donné au restaurant La Bonne Humeur avec son groupe Extra Musica Zangul, qui vient d'atteindre ses 21 ans. Cette double célébration est ponctuée par la sortie courant septembre de l’album Contentieux, très attendu par les amoureux de bonne musique. Dans une interview exclusive, l’artiste nous parle de la promotion de cet opus et surtout de sa maison de productions, Ibroks, qui va prendre ses quartiers dans un bâtiment huppé en début d’année prochaine à Moukondo la Blède

Les Dépêches de Brazzaville : Vous avez promis la sortie de l’album Contentieux en septembre, et nous y sommes. Confirmez-vous sa sortie dans le courant de ce mois ?
Roga-Roga : Effectivement, j’avais promis la sortie de l’album Contentieux courant septembre, Dieu va y pourvoir. Nous avons travaillé comme des Terminator en réalisant 90% du travail. Aujourd’hui, tout est ficelé, sinon fin prêt pour que le public savoure convenablement son album avant la fin de ce mois. Je pars à Paris pour finaliser les mixes, aux distributeurs de mettre l’opus sur le marché après que j’aurai signé avec eux. Il n’y a pas de hiatus à cela.

Contentieux n’est pas encore sur le marché, mais il fait déjà grand bruit. Quel est votre secret ?
Le travail, et surtout mettre Dieu en tout, en marchant du bon côté, le côté positif. Parce que la musique, c’est un métier d’esprit, et pour capter l’esprit des gens il faut avoir la foi, l’esprit de travail. Faire la symbiose de tout cela, c’est ce qui donne de la valeur aujourd’hui.

Votre opus sortira surement avec deux ou trois autres albums de haute facture. Ne craignez-vous pas cet affrontement ? Et comment envisagez-vous de l’écouler sur le marché de Kinshasa qui vous apprécie également ?
Ce n’est que normal ! C’est le marché. On ne peut pas prendre le marché en otage. Nous sommes des travailleurs qui faisons de la musique. Il y a d’autres frères aussi qui travaillent dans le même sens que nous et qui peuvent donner aussi du plaisir, surtout que cela honore la musique congolaise. Quant au marché de Kinshasa, je ne suis qu’un artiste-musicien. Nous allons signer avec des distributeurs là-bas. Ce sont eux qui feront tout ce travail. Brazzaville et Kinshasa sont les deux villes les plus proches au monde. Si l’album Contentieux est bien vendu à Brazzaville, automatiquement il le sera pour Kinshasa.     

Sorcellerie kindoki est un très bel album. Malheureusement, en dépit de son énorme succès, il n’a pas connu de productions scéniques au-delà du Congo. Qu’est-ce qui a été l’origine de cela ?
Nous avions signé des contrats avec une maison de production, c’était à cette maison de prendre en charge toutes ces choses. À l’origine, nous avons eu quelques contradictions avec cette maison, mais qu’à cela ne tienne, les gens ont bien écouté l’album Sorcellerie kindoki, bien dansé également dans les boîtes de nuit. Un album de cette ampleur ne finit pas son succès tout de suite. Même si l’on sort l’album Contentieux, cela n’empêchera pas les gens de continuer à acheter et à danser sur Sorcellerie kindoki. Prochainement peut-être, quand on va jouer pour Contentieux on le fera en même temps pour Sorcellerie kindoki.

Aviez-vous prévu des productions scéniques pour la promotion de l’album Contentieux ? Et quand verra-t-on Roga-Roga sur scène dans de prestigieuses salles européennes ou américaines ?
Pour l’heure, nous avons la maison Ibroks qui est notre propre maison de production. J’ai investi dedans, ainsi que d’autres. Cette maison est composée de trois secteurs, qui sont la distribution, la production et la communication. C’est cette maison qui va apporter des idées à travers lesquelles nous allons faire le nécessaire pour égayer tout le monde sur le territoire national et pourquoi pas à l’extérieur. Quant aux productions dans de grandes salles européennes ou américaines, nous avons besoin de producteurs qui peuvent nous amener là-bas. Mais avec la maison Ibroks Productions, nous ferons de notre mieux pour que cette maison puisse grandir afin de nous produire dans ces grandes salles et, pourquoi pas, produire d’autres artistes musiciens.

Vous avez  passé la fête de l’indépendance nationale à Sibiti. Comment avez-vous été accueilli ? Y a-t-il eu un bon feed-back entre vous le public ?
J’ai été à Sibiti grâce à ECAir, où j’ai livré trois spectacles pendant trois jours (13, 14 et 15 août) au village ECAir. Le public était très content et ému. Certes, nous avions déjà joué à Sibiti il y a plus de dix ans, mais cette fois-ci le public était très content et ne voulait pas que nous repartions à Brazzaville. Je profite de votre micro pour remercier les responsables de cette compagnie nationale qui ont pensé amener les enfants du pays à Sibiti. C’est vraiment Mwana Mboka. On ne peut pas prétendre être appelé Mwana Mboka et faire le contraire. Après Sibiti, une autre société nationale Mwana Mboka donc, qui est Azur, fièrement congolaise, nous a emmenés à Dolisie où nous avons livré une production populaire au rond-point du cercle culturel de la localité le samedi 16 août. Au regard de la demande des Sibitois, Azur compte nous ramener à Sibiti, Dolisie, Nkayi, Loudima. Je confirme qu’il y a des Bana Mboka et des non-Bana Mboka.

Quelle est la force de Roga-Roga ?
Ma force, c’est de voir les choses dans la réalité. Il ne faut jamais rêver. Le philosophe Socrate n’a-t-il pas dit « Connais-toi toi-même » ? Je pense que le jour que l’homme se connaîtra lui-même, le monde changera. Dès lors, je fais des efforts pour savoir où ma force commence et où elle finit.

Comment s’est déroulée la célébration de vos 40 ans ?
Nombreux n’ont pu atteindre cet âge, et Dieu m’a permis de l'atteindre. C’est pourquoi je le remercie ainsi que tous ceux qui prient pour moi. Comme j’ai pu atteindre mes 40 ans, il me permettra d’atteindre mes 80 ans afin que je puisse réaliser tout ce qu’il m’a envoyé faire sur cette Terre. C’est donc en deux phases que j’ai organisé cette fête. La première partie, je l’ai passé avec le groupe Ekongo que j’ai invité chez moi à la maison avec les parents. La deuxième partie, c’est avec mon public que je l’ai passée, au restaurant La Bonne Humeur, assortie d’un concert sans pareil. Il y avait de l’ambiance totale.

Quels sont vos projets ?
Je suis sur le projet de ma fondation avec des amis et proches, tel que Raymond Nti de la communication. Nous sommes en train d'asseoir la maison Ibroks Productions. Les travaux de construction de notre structure ont commencé déjà. Nous allons construire à Moukondo la Blède deux studios d’enregistrement, un bâtiment administratif où il y aura les bureaux d’Ibroks pour la communication, la production et la distribution, des salles de répétition, une grande salle de production vidéo… Bref, c’est un grand projet qui nécessite de l’appui. C’est pourquoi je demande aux autorités de nous venir en aide, le chef de l’État ayant proposé à l’Assemblée nationale de prélever 0,1% pour la promotion culturelle…

Un message à tous ceux qui vont vous lire…
Juste pour dire qu’au Congo, nous avons des artistes talentueux qui méritent d’être soutenus, parce qu’un pays sans culture est un pays inexistant. Je profite de ce micro pour m’adresser à la jeunesse congolaise. Bientôt nous allons vers 2016, n’oublions pas que c’est à l’épreuve des sacrifices que nous avons acquis la paix. Il faudrait qu’elle comprenne que la paix est la meilleure des choses. Quels que soient les problèmes, il faut qu’on puisse préserver la paix pour garantir notre avenir, parce que l’avenir appartient à la jeunesse.

Propos recueillis par Bruno Okokana