Musique : Ntéko, le cri émergent de la world-music

Samedi 20 Septembre 2014 - 5:15

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Finaliste aux Prix découvertes de RFI en 2013, Princia Ntéko est une chanteuse de musique tradi-moderne. Un style basé sur les instruments traditionnels du Congo, mais aussi ouvert à la modernité. Elle chante souvent en lari,  parfois en lingala et en français. Son premier album, Cri, vient de paraître

Dès sa plus tendre enfance, Ntéko est bercée par la musique de Jacques Loubélo et de Lokwa Kanza. Conquise par leurs mélodies, elle choisit plus tard de se consacrer à ce style. « Je rêvais, dit-elle, de faire comme Jacques Loubélo. Plus tard, j’ai apporté la touche Ntéko, mais la base je la tiens de lui. » La touche Ntéko à laquelle elle fait allusion, c’est sa voix, bien féminine, et sa manière de composer les chansons.

Les thématiques de ses chansons concernent des faits sociaux : « Quand je me mets à composer, j’essaie de me mettre à la place des autres. Je ressens en moi leurs peines et leurs joies. Pour leur apporter un peu d’espérance, je chante l’amour vrai, la compassion vis-à-vis de la nature terrassée par le désordre humain. Je n’oublie pas les valeurs du terroir qui sont de plus en plus délaissées. »

Ntéko fait ses premiers pas en musique dans la chorale Saint-Pie-X de Sangolo-Oms avec un album sorti en 2009. Son frère, Aimé Mbioka, chanteur et guitariste, qui croit en ses talents, la met en contact avec Claude, un autre guitariste, devenu son compagnon de musique. En 2012, elle se présente à la fête de la Musique à l’Institut français du Congo, à Brazzaville. C’est là que le public la découvre. Notamment Kében, l’organisateur de l’événement, qui se propose de la produire. « Des gens ont cru en moi plus que moi-même, affirme-t-elle. Tout un groupe s’est constitué pour me soutenir. Du coup, ça m’a motivée davantage pour aller de l’avant. En 2013, j’ai joué au festival Bassango-Jazz à Pointe-Noire. La même année, j’ai été invité à Kinshasa pour les vingt ans de carrière de Lokwa Kanza. La même année encore, j’ai été nominée aux Tam-Tam d’or pour le prix du Manager. »

De l’année 2014, riche en événements pour le groupe Ntéko, on retiendra sa récente tournée en Europe qui lui a permis de rencontrer un public différent du public congolais. Un nouveau challenge pour sa carrière devant un public breton qui ne comprend pas la langue dans laquelle elle chante. Elle nous en parle elle-même avec nostalgie : « La plupart des concerts ont eu lieu dans le sud de la France. Ensuite, je suis allée en Allemagne pour le festival Culture pop, où j’ai revu une grande chanteuse, Sara Tavares. Nous avons joué ensemble à l’occasion des vingt ans de musique de Lokwa Kanza. Ma plus grande joie, c’est ma rencontre avec Lokwa Kanza en France. Il avait tenu à me revoir. Nous avons eu un partage fructueux pour mon album, ma musique en générale. Ses conseils m’ont été précieux. Et lors de la sortie officielle de l’album en Europe, les gens ont vraiment aimé, beaucoup ont acheté l’album. »

Cri, l’album de quatorze titres de Ntéko, est disponible sur le marché du disque congolais, notamment à l’IFC. Il est vendu 5 000 FCFA. Hier soir, à l’IFC de Brazzaville s’est déroulée dans une liesse indescriptible suivie d’un silence approbateur sa sortie officielle au niveau local. Le souvenir en est encore vivace. Plus d’un spectateur a souhaité bon vent à l’artiste.

Propos recueillis par Aubin Banzouzi