69è Assemblée générale de l’ONU : pour Denis Sassou N’Guesso, « Il faut de nouvelles idées pour financer les OMD »

Dimanche 28 Septembre 2014 - 19:30

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De retour de New York, États-Unis, le 27 septembre, où il a pris part à la 69è Assemblée générale des Nations unies, le président de la République a animé une conférence de presse à l’aéroport. Denis Sassou N’Guesso a résumé les thèmes qui y ont été débattus. Voici les grands extraits de son interview.

Denis Sassou N’Guesso : « L’Assemblée générale a été secouée par l’assassinat de l’otage français en Algérie. Cet acte s’est produit alors que nous siégions. Donc, les problèmes de paix, de sécurité dans le monde, de lutte contre le terrorisme ont été au centre des débats de l’Assemblée générale des Nations unies. Vous savez aussi que cette session s’est déroulée alors que sévit en Afrique de l’Ouest (Guinée, Liberia, Sierra Leone), cette épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui a déjà causé des pertes immenses, des milliers de victimes. Donc l’Assemblée générale des Nations unies, à la demande de son  secrétaire général, devait adopter une résolution très forte à cette grave épidémie qui ne touche pas seulement l’Afrique. Comme toutes les maladies virales, elle peut facilement toucher le monde entier. Donc la communauté internationale s’est fortement mobilisée pour réserver une riposte appropriée à cette épidémie de fièvre hémorragique Ebola.

La session a aussi réfléchi sur l’après 2015, parce que vous savez qu’en 2015, nous allons faire l’évaluation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Il était question de réduire de moitié l’extrême pauvreté dans le monde, il va falloir faire des évaluations et penser à l’après 2015. Que va-t-on décider ? C’était donc un thème important.

Et puis, il y a l’éternelle question de changement climatique. Comme vous le savez depuis Copenhague jusqu’à Rio+20, en passant par Cancun ou Durban, ce problème reste entier. Comme l’année prochaine il se tient une session sur cette question à Paris, il était temps pour les dirigeants du monde de savoir quel genre de décisions enfin prendre face au changement climatique dont les effets sont reconnus par la communauté internationale. Ces effets étant dévastateurs dans tous les continents si ce ne sont des inondations, des typhons, des sécheresses, et autres.

Il y a d’autres questions qui sont presque devenues traditionnelles que vous connaissez : la réforme du système des Nations unies, si l’organisation aujourd’hui doit continuer d’être ce qu’elle a été après la deuxième Guerre mondiale malgré les transformations intervenues dans le monde ; les rapports économiques internationaux. Mais ce que j’ai souligné, ce sont ceux qui ont de plus marqué les débats au cours de cette session.

 

Monsieur le président, lors de la réunion du groupe pilote sur les financements innovants, vous avez laissé entendre que le Congo affectera dix centimes de dollars par baril de pétrole au plan de solidarité internationale. Comment cette annonce a-t-elle été accueillie par la communauté internationale ?

DSN : Le Congo avec d’autres, en 2006, étaient sur la première ligne lorsqu’il s’était agi de lancer cette idée de financements innovants. Je me souviens qu’ en 2006, avec les présidents Lula, Jacques Chirac et d’autres, nous avons lancé cette idée de financements innovants à partir de la taxe sur les billets d’avion. D’autres pays ont suivi après. On a mobilisé, à travers cette taxe sur les billets d’avion, des sommes importantes. Elles étaient destinées à appuyer les actions dans la lutte contre le paludisme, la tuberculose et le VIH/Sida. L’impact de ces financements innovants est connu.

En marge de l’Assemblée générale, un atelier a reposé le problème et a estimé que la communauté internationale avait la possibilité d’aller plus loin, si le problème continue de se poser. Par exemple, ce problème de la malnutrition chronique au niveau des enfants des pays pauvres d’Afrique, d’Asie. Ce problème est identifié au niveau de l’Unicef, la malnutrition chronique au niveau des enfants, on ne se rend pas compte, mais à terme, elle réduit le quotient intellectuel des enfants. Donc, c’est une préoccupation de la communauté internationale et le Congo s’est inscrit, comme il l’a fait en 2006,  dans cette dynamique. Nous avons suggéré qu’un tel prélèvement pourrait être fait de dix centimes sur un baril de pétrole et on évaluera ce que cela peut apporter. Cette décision a été saluée avec beaucoup d’enthousiasme dans la salle où se tenait l’atelier lorsque cette annonce a été faite. Nous avons lancé l’idée et avons aussi estimé que d’autres, sûrement, suivront. J’ai déjà pris des contacts avec quelques homologues en Afrique qui se proposent de suivre. Nous pensons que les OMD s’ils ne se contentent que des financements classiques, des aides publiques au développement, ils ne seront jamais atteints. Il faut de nouvelles idées pour financer les OMD. Voilà pourquoi on parle de financements innovants. D’autres idées pourraient aussi arriver comme la taxation des transactions financières et tant d’autres.

WCS, un organisme de conservation de la faune et de la flore sauvage vous a décerné une médaille en reconnaissance des inlassables efforts que vous déployez en faveur de la conservation des trésors naturels. Comment réagissez-vous à cette décoration ?

DSN : Je vous la décerne parce qu’elle est attribuée à notre peuple puisque c’est tous ensemble que nous devons nous battre pour la préservation de la nature, de la faune sauvage et de la flore. Dans notre pays, nous nous battons pour la protection du Bassin du Congo et nous avons lancé ici une directive pour un million d’hectares de forêts. Ce que nous avons réalisé en 10 ans, c’est avec vous que nous avons réalisé ce programme. Je réagis un peu comme vous,  c’est un encouragement, ces organismes nous encouragent à poursuivre notre travail.

Le mini sommet sur la RCA a été transformé presqu’en éloge en votre endroit. Comment l’aviez-vous accueilli ?

DSN : Non ! Il n’a pas été transformé en éloge. Il a été reconnu simplement que le médiateur a accompli sa part de tâche et que le forum qui a été organisé à Brazzaville et a abouti à la signature de cet accord de cessation des hostilités. Il a été reconnu que c’était une bonne base de départ pour la poursuite de l’action en République centrafricaine pour que ce peuple sorte de la difficulté. C’était une base, mais il y a d’autres, le travail fait par la Misca, au moment où la Misca passe le relai à la Minusca sous l’égide des Nations unies, il a été reconnu que la Misca a aussi fait sa part de travail, les autorités de transition aussi, et que le moment était venu pour que l’on intensifie nos efforts pour que nous sortions de l’impasse, de la situation difficile en RCA. Donc tous les partenaires internationaux ont aussi reconnu leur part d’intervention dans ce dossier et ensemble nous avons arrêté de nouvelles dispositions pour soutenir les autorités de transition en RCA, de faire en sorte que le pays sorte de la situation de crise que nous connaissons.

L’organisation en 2015 de la Conférence internationale sur l’exploitation illégale et le commerce illicite des produits de la faune et de la flore en Afrique, et l’organisation des XIe jeux africains, à la date d’aujourd’hui, est-ce que le Congo sera prêt ?

DSN : C’est un engagement que nous avons pris de recevoir cette conférence en 2015. Je crois que ce sera au 1er trimestre. Et aussi de recevoir les Jeux africains en septembre prochain. Nous avons pris ces deux engagements en toute connaissance de cause. Les Congolais pensent que lorsqu’un tel engagement est pris, cela ne concerne que le gouvernement. Non ! C’est un engagement que le gouvernement prend au nom de l’ensemble du peuple et nous devons tous nous mobiliser pour créer des conditions du bon déroulement de ces évènements dans notre pays. C’est une grande conférence, il faut que Brazzaville se prépare à accueillir cette conférence, les populations doivent se mobiliser pour préparer. Même dans les quartiers, vous ne pouvez pas continuer de vivre au milieu des ordures, des herbes, alors que vous avez décidé de recevoir le monde entier dans votre ville.

Tout le monde doit se mobiliser, le gouvernement, bien sûr, les athlètes aussi. Nous allons recevoir les Jeux africains ici, il faut que les athlètes soient aussi au niveau de la compétition, le gouvernement doit les organiser, les fédérations concernées, toutes ces organisations-là doivent se sentir mobiliser pour préparer les Jeux et les recevoir. Nous avions organisé les 1ers Jeux africains en 1965, il y aura 50 ans bientôt, les mains nues, nous n’avions rien, le stade Alphonse Massamba-Débat actuel, nous l’avions pratiquement construit les mains nues en mobilisant le peuple. Il me semble qu’il y avait même une collecte organisée, chacun apportait quelque chose. Mais nous avons reçu l’organisation des 1ers Jeux africains qui s’étaient même déroulés dans un contexte sécuritaire très compliqué, et notre équipe de football a même gagné la médaille d’or.

En réalité l’Afrique nous rend hommage et nous donne la possibilité d’organiser pas seulement les jeux mais aussi la fête parce que ce sera aussi la commémoration du 50e anniversaire des 1ers Jeux africains qui ont eu lieu à Brazzaville, c’est un grand honneur pour nous, il faut que nous soyons à la hauteur.

Pour le reste, les infrastructures, le gouvernement fait de son mieux. Je suis sûr que les infrastructures seront prêtes et vous verrez que sur ces plans, Brazzaville pourra offrir un visage différent. Mais il faut aussi que ce visage soit différent devant vos maisons. Les caniveaux que vous avez bourrés, les restaurateurs, les hôteliers, même les petits hôtels, doivent être propres. Je pense que nous serons à la hauteur de l’évènement.  

 

 

       

Les Dépêches de Brazzaville