Conseils municipaux et départementaux : le PCT sauve les équilibres

Samedi 25 Octobre 2014 - 16:45

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Les résultats des élections locales du 28 septembre donnaient le Parti congolais du travail (PCT) et ses alliés vainqueurs, suivis des indépendants. Durant l’élection des maires des principales villes et communes du Congo, dont Brazzaville et Pointe-Noire, une tendance au partage a été observée du côté de la majorité présidentielle. Disons que la principale formation de cette famille politique s’est montrée attentive aux préoccupations de ses alliés, elle s’est abstenue d’humilier l’opposition et a fait de la place aux indépendants. Voici comment.

Brazzaville : En obtenant pour le renouvellement de son mandat 100% de suffrages, le maire réélu de la capitale congolaise, Hugues Ngouélondélé, est parvenu à faire l’unanimité de ses collègues conseillers, 101 au total, issus de divers horizons. Ce qu’il faut aussi retenir dans ce scrutin est la présence au poste de 1er vice-président du Conseil d’ Euloge Landry Kolélas, du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI). Le coup de gueule de son frère de sang et du parti, le ministre Guy Brice Parfait Kolélas, y a –t-il été pour quelque chose ? On ne pourrait ne pas y penser vaguement, même si dans cette prise de position où le secrétaire général du MCDDI se plaignait de l’indifférence de son grand allié, Landry Kolélas avait quant à lui préféré garder la tête froide se méfiant de la fuite en avant de son frère. Le PCT a aussi soutenu deux autres alliés, Clesh Atipo Ngapi, du Club-2002 PUR et Bonaventure Boudzika (CDR) élus, 1er et 2è secrétaire du bureau du Conseil.

Pointe-Noire : Roland Bouity Viaudo est revenu. Sans doute a-t-il bénéficié du soutien total de son principal partenaire, le PCT, ainsi que de sa famille politique de la majorité. Dans un vote où les jeux étaient très ouverts, et où l’on pouvait redouter un coutre-coup préparé par un allié en intelligence avec de nombreux conseillers sans parti (les indépendants), le maire sortant de la capitale économique s’en est bien sorti. Ici également, la majorité présidentielle a fait preuve de conciliation. Le candidat du Mouvement action et renouveau (MAR) qui rempile au perchoir est secondé par celui du PCT, dans un bureau où deux autres partenaires, en l’occurrence, le Rassemblement pour la démocratie et le progrès social et le Club2002-PUR gagnent chacun une place.

Dolisie : la capitale de l’or vert, comme on désigne prosaïquement le chef-lieu du département du Niari, est tombée sous l’escarcelle du PCT. Sur papier, le PCT et ses alliés comptaient en tout, 15 sièges. L’Union panafricaine pour la démocratie sociale (opposition) 15. Sur un total de 45 conseillers formant le conseil communal, ce sont les indépendants, notamment qui ont fait la décision en faveur du vainqueur. Dolisie, troisième ville du Congo, n’est pas en effet une entité négligeable. Le nouveau maire, estampillé PCT, Yves Fernand Diokouandi, le sait davantage.

Nkayi : Faut-il croire aux indépendants ? Ne sont-ils pas, comme leur qualification l’indique des électrons libres, trop libres, donc déroutants ? La démocratie pourrait-elle venir d’eux ? Autant de questions à l’issue du vote pour la mairie de la ville sucrière du sud du Congo, qui échoit au PCT. Et nous parlions dans un précédent résumé de l’heure des « grandes manoeuvres » dictée par les élections dans les mairies du Congo. Cela a bien été le cas aussi pour Nkayi. Sur les 29 conseillers de cette commune, le PCT en compte 5, l’UPADS, 4, les alliés du PCT, pas vraiment grand-chose, tandis que les indépendants sont une bonne douzaine. Ici, comme à Dolisie, la décision de faire élire le candidat du PCT, Jean Hervé Mandounou est sans doute venue d’eux. C’est à ce titre, peut-être, qu’ils ont pris la vice-présidence du conseil municipal, le MDP, allié du PCT, occupant le Secrétariat.

Mossendjo : l’une des circonscriptions où les partis ont vu rouge, c’est bien Mossendjo, dans le Niari. Alors que les « Indépendants », caracolent en tête avec 15 sièges, le PCT s’est contenté de 5 places, son allié, le MAR, de seulement une seule, l’UPADS, 4. Mais c’est bien à ce parti d’opposition, à travers une dame, Elisabeth Mapa, qu’incombe la charge d’administrer, pour les cinq prochaines années, la mairie de Mossendjo. Le PCT a-t-il laissé faire, ou a-t-il, de façon « consensuelle », concédé ce fauteuil à l’UPADS, son allié dans la démocratie parlementaire ? Néanmoins, on ne peut pas dire que les indépendants n’ont rien fait. Deux d’entre eux ont d’ailleurs hérité de la vice-présidence et du secrétaire du conseil.

Ouesso : Mathématiquement, les indépendants, crédités de 11 sièges, une majorité relative, ne pouvaient pas défaire le PCT, 10 sièges, et ses alliés, MCDD (1), RC (1).La timbale a été soulevée par un indépendant, Ghislain Maguessa Ebaume. On serait tenté de penser, comme dans le cas de Mossendjo, que si le PCT avait voulu compliquer la vie à l’élu, la bataille serait rude. A-t-il été pris de court, ou  a-t-il convenablement choisi de lâcher du lest, question de ne pas être seul à répondre de la gestion de nos cités ? Mais si le maire de Ouesso est sans parti, son second est du MCDDI et le secrétariat occupé par le PCT.

Même souci de partage dans les conseils départementaux

Au niveau des conseils départementaux dont les bureaux ont été renouvelés, la tendance au partage est demeurée certaine. Le cas du Niari, où le PCT est secondé par l’UPADS et le MAR. Au Pool, le PCT et ses alliés, MCDDI et RC, se partagent la présidence, la vice-présidence et le secrétariat du conseil. Même chose pour le Kouilou avec un bureau généré par le PCT, le RDPS et un indépendant, ou encore dans les Plateaux où le PCT a accordé le secrétariat à son allié, l’Union patriotique pour la démocratie et le progrès.

Les grandes villes et communes du Congo étant dotées de leurs nouvelles administrations gérantes, il reste aux heureux élus de regarder les citoyens qui y habitent en face. Ils ont en effet beaucoup de doléances connues de ceux qui viennent de bénéficier de la confiance de leurs grands électeurs. Il reste aussi aux conseils départementaux de mieux se rapprocher des populations pour lesquelles des budgets importants, s’ils ne suffisent pas, sont néanmoins alloués par l’Etat chaque année pour la cause. On espère, dans ce qui a tout l’air d’être un nouveau départ, au regard de la configuration pluraliste des conseils municipaux et départementaux, que nos localités respireront mieux.

Gankama N'Siah