Ministère des Finances : parfum de détournement des deniers publics

Samedi 22 Novembre 2014 - 13:32

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le député de l’opposition, Jean Lucien Bussa, accuse le ministre délégué aux Finances d’avoir rabattu de manière irrégulière les redevances et frais en rémunération des services rendus à l’exploitation des produits miniers marchands au détriment des organismes publics intervenant dans le secteur. 

Sauvé in extremis par les députés de la majorité qui se sont dressés contre la motion de défiance brandie dernièrement contre lui par le groupe parlementaire UDPS et alliés au sujet de l’utilisation de près de 220 000 dollars destinés au porte-parole de l’opposition, structure encore inexistante, le ministre près le Premier ministre Patrice Kitebi n’a eu droit qu’à un petit moment de répit. Il est de nouveau au cœur d’un nouveau scandale financier qui risque, cette fois-ci, de l’emporter. Après le député Samy Badibanga, c’est au tour de son collègue Jean Lucien Bussa d’interpeller le ministre afin qu’il se justifie sur les soupçons de détournement qui pèsent sur lui concernant la gestion du fameux « fonds spécial de développement » qu’il aurait créé de façon illégale, lequel fonds a causé un manque à gagner important au trésor public, de janvier 2013 à octobre 2014, estimé à 73 millions de dollars.

Pour l’élu de Budjala, Patrice Kitebi devra éclairer la lanterne de la représentation nationale sur les contours de ce fond non assorti d’un acte législatif et dont la mission n’est pas bien définie. Il ne s’agit donc pas pour lui de chercher noise au ministre, mais de l’amener à s’expliquer sur ses faits de gestion. En fait, ce fonds, dans son entendement, aura desservi plusieurs services de l’État qui n’ont plus vu aucun centime tomber dans leur escarcelle. Tel est le cas de l’Inspection générale des finances, du CEEC, de la CTCPM, du SAESSCAM, du commissariat général à l’Énergie atomique, de la commission d’encadrement du comité de suivi et de l’Administration du commerce extérieur. 

Comme si cela ne suffisait pas, le ministre Patrice Kitebi aurait,  en croire son interpellateur, décidé de manière irrégulière de rabattre les redevances et frais en rémunération des services rendus à l’exploitation des produits miniers marchands. Les services et organismes publics intervenant dans ce secteur en ont ressenti le contre coup accusant depuis novembre 2012 des difficultés énormes de trésorerie, a révélé Jean Lucien Bussa.

Le même ministre Kitebi est, par ailleurs, sous la menace d’une question orale avec débat initiée par un autre député de l’opposition Franck Diongo qui jette un véritable pavé sur la gestion de 207 millions de CDF supposés avoir été affectés au fonctionnement du porte-parole de l’opposition au regard du dernier rapport de la Cour des comptes sur l’exécution du budget 2013. Si cette somme, comme l’a affirmé le ministre Kitebi, aurait effectivement atterri au Mécanisme de suivi (MNS), le député note que le fonctionnement de cette structure est sans commune mesure avec la hauteur des fonds lui alloués. « Ce service public manque de tout, notamment des véhicules de fonction. Ni François Muamba, son coordonnateur, ni ses deux adjoints, personne n’a été doté d’un véhicule par l’État », constate Franck Diongo dans ses investigations tout en déplorant l’opacité de gestion qui caractérise le fonctionnement du MNS.

Au-delà de sa question orale adressée au ministre des Finances près le Premier ministre, le député pense que son initiative pourrait aboutir à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, laquelle commission pourrait conduire au MNS qui, à l’en croire, cacherait des cadavres dans le placard.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le ministre délégué aux Finances Patrice Kitebi