Diplomatie : le M23 au centre d'un tiraillement entre la RDC et l'Ouganda

Samedi 6 Décembre 2014 - 16:00

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 Le gouvernement ougandais, qui avait donné jusqu'au 12 décembre à la RDC pour rapatrier les membres de l’ex-M23 établis sur son sol, serait disposé à leur accorder le statut de refugié si le gouvernement congolais ne s’exécute pas à l’échéance échue.  

Alors que se rapproche l’échéance du 12 décembre devant consacrer l’an 1 de la signature des déclarations de Nairobi mettant fin au conflit entre le M23 et le gouvernement congolais, le dossier de ce groupe armé qu’on croyait déjà classé vient de ressurgir. C’est le président ougandais qui vient de jeter le pavé en instruisant les autorités congolaises à procéder au rapatriement des membres de l’ex-M23 sur son territoire d’ici le 12 décembre. Yoweri Museveni s’est dit même prêt à accorder à ces éléments le statut de refugiés politiques qui leur permettrait d’évoluer désormais en hommes libres. Cette décision du chef de l’État ougandais serait motivée par les atermoiements de Kinshasa à honorer ses engagements pris à Nairobi concernant notamment le rapatriement des troupes du M23.

Le fait que la RDC traîne manifestement les pieds dans le processus post-conflit n’enchante pas Yoweri Museveni qui cherche à faire pression pour qu’à la veille de l’anniversaire de l’accord de Nairobi bien des questions soient d’ores et déjà réglées. Et il vient d’obtenir gain de cause parce que la RDC a dépêché depuis le 5 décembre à Kampala une délégation pour organiser le rapatriement immédiat de certains membres de l'ex-M23. Tout le week-end, des discussions entre les intervenants dans ce dossier se poursuivent afin d’accélérer le processus qui concerne près de 5600 rebelles du M23 amnistiés.

Pour le coordonnateur du mécanisme de suivi de l'accord d'Addis-Abeba signé en février 2013, la décision du président Yoweri Museveni d’accorder le statut de réfugiés aux ex-rebelles du M23, censée entrer en application à partir du 12 décembre, serait une violation des engagements pris à Addis-Abeba. Il estime que les prétextes brandis par l’Ouganda pour justifier une telle décision ne tiennent pas la route et que la RDC est en droit de s’en plaindre. Au-delà de la question du rapatriement des ex- rebelles du M23, a-t-il ajouté, les délégations congolaises envoyées à Kampala et à Kigali auront aussi à traiter de la question de récupération des armes encore détenues par les rebelles du M23. Et d’ajouter que si quelqu’un veut attaquer la RDC, « il doit chercher d’autres raisons que celles qui consisteraient à dire que je les ai attaqués parce qu’ils n’ont pas respecté leurs engagements ».

Pour rappel, deux textes avaient été signés mettant fin aux pourparlers de Kampala. L’un par le M23 marquant la fin de sa rébellion. Et l’autre par Kinshasa qui avait marqué l’engagement de la RDC à mettre en place le programme de démobilisation, désarmement et réinsertion sociale des anciens rebelles. Une recommandation avait été faite à la partie congolaise de présenter au Parlement un projet de loi d’amnistie des éléments du M23.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

François Muamba