Débat sur la Constitution : le FOCIPAC favorable à la révision et non au changement

Mardi 7 Avril 2015 - 14:05

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Dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, le président du Forum citoyen pour la paix et la concorde (Focipac), Albert Mbela a estimé que la loi fondamentale de 2002 avait déjà prévu les mécanismes de sa révision et non de son changement. Il a, par ailleurs, appelé les autorités publiques à convoquer un dialogue politique au cours duquel, les Congolais qui reconnaissent avoir torpillé l’économie nationale, devraient  demander pardon au Congo.

Les Dépêches de Brazzaville : Pourquoi avez-vous créé le Focipac ?

Albert Mbela : Après plusieurs conflits que notre pays a connus depuis les indépendances, nous avons pensé qu’il est nécessaire de créer des organisations qui feront la promotion de la paix et de la concorde nationale. Il est de notoriété publique  que toutes les pratiques contraires à ces valeurs sont à la base des frustrations qui génèrent la haine et créent toutes les conditions d’embrasement social qui brisent les équilibres sociaux et compromettent la paix et la concorde nationale. Pour répondre à votre question le Focipac a été créé pour contribuer à la promotion des valeurs de paix, de  dialogue, de tolérance, du patriotisme et à lutter contre les antivaleurs.

LDB : Comment entendez-vous mener le combat contre les antivaleurs ?

A.M : Nous comptons éditer un bulletin d’information intitulé « le baromètre ou le tensiomètre de la paix au Congo » à travers lequel nous ferons des alertes aux différentes menaces de  la paix sur l’ensemble du territoire national. Notre association promet également d’identifier, de formuler et de promouvoir des projets d’intérêt socioéconomiques au profit des personnes fragiles pour lutter contre la pauvreté. Car la paix n’est pas seulement synonyme d’absence de  guerre. On est en paix lorsqu’on se soigne, on se vêtit, bref lorsqu’on  est à l’abri du besoin et des autres formes de tracasseries sociales. Il faut ajouter à tout cela l’organisation des conférences-débats, des colloques et des séminaires sur les thèmes liés à la paix, à la concorde nationale  et au changement de mentalités.

LDB : Quels sont vos rapports avec les associations sœurs et les pouvoirs publics ?

A.M : Nous sommes dans une phase de prise de contact avec les associations œuvrant  dans les domaines de la paix et de la concorde nationale ; ainsi qu’avec les pouvoirs publics. Nous savons que la tâche est immense ; mais un long voyage commence par le premier pas. Créé le 24 novembre 2014, le Focipac est encore un enfant qui apprend à marcher. Cependant, nous sommes très avancés dans nos contacts de partenariats et de soutiens divers de la part des structures publiques et privées  qui saluent le bien-fondé de notre combat.

LDB : L’actualité politique nationale est dominée par le débat sur le changement de la Constitution et le dialogue politique inclusif avant l’élection présidentielle de 2016. Quel est le point de vue du Focipac sur ces deux sujets ?

A.M : C’est une question que nous appelons l’ère du temps. A travers le débat qui se fait actuellement, on a tendance à simplifier la question du changement de la Constitution. Les partisans du « OUI » sont vus comme ceux qui soutiennent le président de la République, Denis Sassou N’Guesso et les partisans du « NON » sont contre lui. Si on conduit le débat de cette manière, il deviendra un faux débat alors qu’il est profond et fondamental pour notre pays.  Le Focipac a une alternative sur ce débat. Le premier point de vue est relatif à la possibilité de réviser la Constitution en se fondant sur les articles qui ne cadrent plus avec le contexte. Parce que ce texte fondamental avait été élaboré en 2002, après les conflits armés que nous avons connus. Dans un deuxième temps, nous sommes foncièrement opposés au changement total de la loi fondamentale ; parce que cette démarche peut conduire à des remous sociaux qui menaceraient dangereusement la paix encore fragile dans notre pays. De ce fait, nous sommes pour un dialogue politique au cours duquel tous ces problèmes seront mis sur la table de discussion.

LDB : Avez-vous un message particulier pour conclure cet entretien ?

A.M : Le Congo souffre d’un grand mal qui date depuis notre accession à l’indépendance. Nous devons changer notre pratique de la gestion de la chose publique. Il faut mettre en avant le mérite, l’excellence et le patriotisme. Il est nécessaire de créer, entre les Congolais, le sentiment de partager un même pays et le désir de vivre ensemble. En outre, pour nous permettre de nous réconcilier, le Focipac propose qu’au cours d’un prochain dialogue, les Congolais qui reconnaissent avoir pillé les richesses nationales devraient demander pardon au Congo.

 

 

 

 

 

 

 

Roger Ngombé

Légendes et crédits photo : 

Albert Mbela