Droits de l’Homme: la VSV appelle les institutions de la République à apporter des solutions satisfaisantes

Mercredi 29 Avril 2015 - 19:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L'exhortation faite en marge de la tenue à Kinshasa des états généraux de la justice s’est appuyée sur quatre préoccupations considérées comme faisant partie des faits marquants de l’heure en RDC.

Dolly Ibefo, Justin Ciba, Laurette Misenga et Peter Ntumba de la VSV, lors de la conférence de presse/Photo Adiac.La conférence de presse tenue le 29 avril par la Voix des sans-voix pour les droits de l’Homme (VSV) en son siège, dans la commune de Ngaliema, a tourné notamment sur la reprise du procès Assassinat Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazaza Edadi, sur la fosse commune de Maluku, sur la proposition de loi portant statut d’anciens chefs de l’État ainsi que sur l’affaire du bâtonnier Jean-Claude Muyambo.

S’agissant de la reprise du procès de l’assassinat du directeur exécutif et du membre de la VSV, cette ONG continue à relever une absence de volonté politique frisant un déni de justice qui ne dit pas son nom et l’instauration en RDC d’un régime des intouchables parfois plus forts que l’État qui ont, entre autres, contribué à tirer en longueur ce procès. La VSV soutient sa position par la liberté dont jouissent certains acteurs cités dans ce procès et qui seraient en fuite ainsi que le suspect numéro un dans cette affaire, le général John Numbi. « Les autres prévenus en fuite, notamment Christian Ngoy Kenga Kenga et Jacques Mugabo, se sont à maintes reprises retrouvés sur le territoire congolais sans être inquiétés. Le général John Numbi, suspect n°1 dans cet ignoble assassinat, n’a jamais été arrêté et continue, par conséquent, à circuler librement », a déploré cette organisation, qui a noté que le major Paul Mwilambwe, un des prévenus en fuite, qui était rentré en avril 2011 en RDC pour se présenter devant la justice en aurait été empêché délibérément et soustrait ipso facto.

L'ONG rappelle, de ce fait, aux autorités congolaises de mettre fin à la « théâtralisation » du procès sur ce crime. Elle demande, par conséquent, à la justice d’arrêter immédiatement les pré-cités, sinon de déclarer à l’audience fixée au 30 avril qu’elle n’en veut plus de ce procès. « Mais si le procès doit se poursuivre, il doit l’être avec tous les prévenus y compris ceux en fuite et que la justice procède cette fois-ci à l’arrestation du suspect n°1 qui circule librement alors qu’il aurait dû être converti en prévenu aux premières heures de l’assassinat de deux défenseurs des droits de l’Homme dans les installations de l’Inspection générale de la police nationale congolaise », a souligné la VSV.

Une commission indépendante soutenue par la CPI

La VSV a, par contre, appelé à une commission d’enquête internationale indépendante pur faire la lumière sur l’affaire de la fosse commune de Maluku. Pour cette ONG, le contenu de cette fosse commune, soit plus de quatre cents corps, ressemble à un crime contre l’humanité, en l’absence de toute lumière et explications plausibles sur les catégories réelles des personnes ayant été inhumées nuitamment. « La VSV, comme les autres organisations des droits de l’Homme, demeure sceptique quant à la volonté des autorités congolaises de faire toute la lumière sur cette fosse commune avec la présence, dans la commission, des personnes présumées avoir été en amont au courant de l’existence de la fosse commune et de tous les préparatifs y afférents », a souligné cette ONG, qui estime nécessaire d’écarter de la commission toutes les autorités politiques et judiciaires directement concernées par ce dossier. « Seule une commission d’enquête strictement indépendante est susceptible d’éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur ladite fosse commune », a insisté la VSV.

Cependant l’ONG se refuse, sur la proposition de loi sur le statut d’anciens chefs de l’État, que ce texte constitue une occasion en or pour consacrer l’impunité des violations des droits de l’Homme et autres crimes que pourraient commettre, encourager ou faire commettre un chef d’État en fonction. Tout en encourageant l’initiateur de cette proposition de loi, le sénateur Modeste Mutinga, et tous ceux qui ont milité en faveur de ce texte, la VSV dit penser que « la meilleure sécurisation, des anciens chefs de l’État est celle devant être garantie par eux-mêmes pendant qu’ils sont en fonction, et ce, en œuvrant effectivement pour la bonne gouvernance ».

Sur l’affaire Jean-Claude Muyambo, la VSV fait observer que ce bâtonnier est en train d’être tué à petit feu, avec la dégradation de son état de santé et, surtout, suite au refus de procéder à sa libération pour des soins appropriés. « Pour la VSV, tout ce qui arriverait de pire à l’ancien bâtonnier Jean-Claude Muyambo relève de la seule responsabilité des autorités congolaises », a souligné cette ONG.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Dolly Ibefo, Justin Ciba, Laurette Misenga et Peter Ntumba de la VSV, lors de la conférence de presse/Photo Adiac.