Enjeux de l’heure : les contours du dialogue se précisent

Lundi 4 Mai 2015 - 18:15

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Ce forum politique devrait permettre de revisiter le calendrier électoral global du 12 février 2015.

Décidément, on n’est pas encore sorti de l’auberge. Après les Concertations nationales qui se sont révélées comme une perte de temps et d’énergies pour avoir accouché d’une souris, la classe politique est de nouveau sollicitée par une démarche quasi similaire. Il s’agit d’un nouveau dialogue censé mettre autour d’une table les principaux protagonistes de la présidentielle de 2011, à savoir les membres du camp de changement et alliés d’un côté et, de l’autre, les inconditionnels du statu quo. L’idée fait du chemin dans la classe politique et les adhésions se multiplient. Premier à avoir lancé l’idée du dialogue avant les élections de 2016, Étienne Tshisekedi est aujourd’hui rejoint par aussi bien ses pairs de l’opposition que par les tenants de la majorité. Les uns et les autres restent convaincus que cette démarche est plus que salutaire pour résorber la crise née du contentieux électoral de novembre 2011.      

Dans sa feuille de route élaborée depuis Bruxelles, Étienne Tshisekedi avait déjà fixé le cadre de ce forum qu’il veut de quarante participants répartis équitablement entre les deux tendances politiques en présence et leurs alliés respectifs, soit vingt membres par délégation pour une durée maximum de dix jours. Réticente au début, la majorité a fini par mordre à l’hameçon en adhérant à cette initiative. C’est tout le sens des consultations qu’amorcent ces derniers temps quelques émissaires de Joseph Kabila auprès des leaders de l’opposition triés sur le volet. Déjà samedi dernier, un émissaire du chef de l’État avait été aperçu à la résidence d’Étienne Tshisekedi. Il aurait,  d’après des sources, laissé une correspondance dont la primeur est réservée au Lider maximo encore en convalescence en Belgique.

Des indiscrétions laissent entendre qu’il s’agirait probablement de la réponse de Joseph Kabila à la feuille de route du président de l’UDPS. D’autres contacts similaires se sont poursuivis tout au long du week-end dernier, avec à la clé, des contacts poussés avec certains ténors de l’opposition pour les dissuader, sans doute, à adhérer à cette initiative. Dans le lot, le MLC de Jean-Pierre Bemba et l’UNC de Vital Kamerhe auraient été approchés en haut lieu. Tout en étant d’accord sur la forme, la majorité pense être en droit d’être fixée sur l’orientation que l’opposition entend donner à ce dialogue. Quels en seront les termes de référence ? La question vaut son pesant d’or lorsqu’on sait que l’opposition refuse d’aborder le sujet ayant trait à la durée du mandat de l’actuel chef de l’État déjà réglée par la Constitution. 

Du règlement du contentieux électoral de novembre 2011 et son corollaire qu’est la crise de légitimité au calendrier électoral en passant par la restructuration de la Céni, la traçabilité et la certification des résultats (pour ne citer que ces quelques matières), tous ces sujets sont loin de recueillir l’unanimité dans les deux camps. Ce qui requiert des discussions préalables pour trouver un modus vivendi à ce sujet.

Toutefois, l’idée du dialogue est redoutée par une certaine opinion qui y voit une manœuvre dilatoire destinée à reporter les échéances électorales déjà consacrées dans le calendrier global publié par la Céni qui demeure le seul cadre de référence à l’organisation de prochaines élections en RDC. Cette opinion redoute, en effet, que ce dialogue ne mette un bémol au processus électoral en cours, entraînant sa suspension de fait en attendant de se mettre d’accord sur un nouveau format. Entre-temps, le spectre d’une nouvelle transition fait craindre un glissement sinueux du calendrier électoral avec, à la clé, le prolongement du mandat de Joseph Kabila au-delà de 2016. Au final, le dialogue est présenté comme un piège dans lequel la RDC risque de s’enfermer durablement. 

Alain Diasso