Enjeux électoraux : le désamour s’installe entre le Palu et le PPRD

Mardi 26 Mai 2015 - 14:41

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La rupture entre les deux partis est née de la dernière déclaration du parti d’Antoine Gizenga, qui s’est opposé à toute manœuvre ouvrant la voie à une quelconque révision constitutionnelle ou maintien de Joseph Kabila au-delà de 2016.

Fini la lune de miel entre le Parti lumumbiste unifié (Palu) et le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD). C’est le moins qu’on puisse dire lorsqu’on s’en tient aux rapports tumultueux qu’entretiennent actuellement ces deux grandes formations politiques sur fond d’invectives et de provocation. La scène qu’elles ont offerte au public via leurs militants respectifs, le 16 mai, au Centenaire protestant à l’occasion de la commémoration du dix-huitième anniversaire de l’entrée de l’AFDL, dépasse tout entendement. Les partisans d’Antoine Gizenga, qui étaient venus en masse pour rendre une fière chandelle à Laurent-Désiré-Kabila, ce soldat du peuple qui mit fin au règne sans partage de feu Mobutu, ont été pris à partie par les membres du parti présidentiel. Tout y était pour signifier aux militants du Palu qu’ils n’étaient pas à leur place, ou mieux pour les offenser. De cette rixe qui n’est pas fortuite, il y a lieu d’en déduire un malaise.

Le PPRD ne supporte, en effet, plus son allié d’hier qu’il accuse de traitrise. Une attitude qui serait la conséquence de la dernière prise de position du Palu en rapport avec le débat sur la révision de la Constitution. Là-dessus, le parti d’Antoine Gizenga n’y est pas allé par quatre chemins pour dénoncer toute manœuvre ouvrant la voie à une quelconque révision ou maintien de Joseph Kabila au-delà de 2016. En fait, le Palu apportait de l’eau au moulin d’une opposition devenue virulente et intransigeante sur cette question au grand désenchantement de la « Kabilie ». Des indiscrétions renseignent que quelques délégués du Palu au gouvernement et à l’Assemblée nationale étaient interpellés en « haut lieu » pour s’expliquer sur ce qui tenait lieu d’un revirement inattendu. Et depuis lors, les relations entre les deux partis ont évolué en dents de scie ponctuées par cette tendance du parti présidentiel à prendre désormais fait et cause pour les dissidents du Palu.

Cette dissidence incarnée par Marie-Laure Kawanda, qui n’est plus en odeur de sainteté avec le patriarche Antoine Gizenga, paraît avoir l’appui du PPRD. Une façon indirecte, pense-t-on, de sanctionner le Palu à l’approche de grandes manœuvres politiques qui s’annoncent à la faveur des prochaines élections. Le Palu qui en est conscient ne cache plus son intention de présenter un candidat à la présidentielle de 2016. Le nom de l’ex-Premier ministre Adolphe Muzito est de plus en plus cité comme virtuel candidat du Palu à cette confrontation électorale. Une donne qui va certainement faire éclore l’alliance électorale de circonstance conclue depuis 2006 à la faveur de laquelle le Palu intégrait la plate-forme présidentielle comme un allié de taille. C’est sur la base de ce partenariat politique que Joseph Kabila a pu évincer Jean Pierre Bemba, son principal challenger, après avoir bénéficié de la caution électorale des militants du Palu. Remake en 2011. Le tandem Palu-PPRD avait de nouveau marché.

« Quid de 2016 ? », pourrait-on s’interroger à présent que chacun de ces deux partis pensent avoir suffisamment de moyens pour faire cavalier seul. Entre-temps, le Palu qui a beaucoup perdu de sa superbe en termes de poids électoral, comme en témoigne sa faible représentation à l’Assemblée nationale, paraît ne plus intéresser le PPRD qui nourrit de plus en plus la prétention de faire élire son candidat-président en misant sur son propre électorat. Une vision chimérique dans le microcosme politique congolais où les partis de masses n’existent que de nom, sans réel encrage sociologique. Dossier à suivre.           

Alain Diasso

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