Vatican : le pape François assoit son administration

Mardi 15 Octobre 2013 - 16:32

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Le Souverain pontife a installé mardi au Vatican, Mgr Parolin, son nouveau « Premier ministre »

Il aura fallu un peu plus de six mois au pape argentin pour donner enfin la vision complète des personnes sur lesquelles il veut s’appuyer pour gouverner l’Église catholique. Un personnel choisi, cela va sans dire, avec une grande méticulosité et provenant des quatre coins du monde, mais surtout assez éloigné des choix de Benoît XVI. Il le fallait pour mieux accompagner ce que le pape nous a déjà donné à voir de son style au cours de ces mois, lui qui s’attache à faire en sorte que le nom de François qu’il s’est choisi et le souci de dépouillement et de pauvreté qui s’y attachent, parlent le plus directement aux fidèles et au monde.

Au cours d’une cérémonie très dépouillée mardi matin dans la bibliothèque de la Secrétairerie d’Etat (primature du Vatican), Mr Pietro Parolin a donc pris ses fonctions et reçu les consignes de son prédécesseur, le cardinal Tarcisio Bertone. Entre les deux hommes (c’est le second qui a nommé le premier nonce apostolique, c'est-à-dire ambassadeur du Vatican, au Vénézuéla) la différence n’est pas seulement de style, elle est aussi de génération : vingt ans d’âge les sépare. À 58 ans, Mgr Parolin est le plus jeune prêtre nommé à un poste de responsabilité aussi prestigieux. Et délicat.

Mais il jouit généralement d’une opinion favorable, surtout de la part des dirigeants des Églises en Afrique. Il a pu les rencontrer tous, converser avec chacun d’eux dans leurs langues officielles respectives, accompagner leurs activités pastorales ou, le cas échéant, donner son avis pour leur déchéance quand le Vatican sortait la crosse de la sanction. C’était du temps où Mgr Parolin était secrétaire à cette primature vaticane dont il prend aujourd’hui les rênes. Il n’a quitté la Secrétairerie d’Etat que pour être nonce apostolique au Vénézuéla où il a eu fort à faire pour gérer les rapports avec feu le très remuant président Hugo Chavez.

Italien comme lui, le cardinal Tarcisio Bertone, de la congrégation des Salésiens, quitte la Curie romaine. Il était le Premier ministre du pape Benoît XVI depuis le 15 septembre 2006. Mais il ne laisse pas ses fonctions dans l’atmosphère habituelle des hommages feutrés au Vatican. Bien sûr, les discours officiels ont souligné mardi son sens du service et son zèle de pasteur, mais son mandat ne fut pas celui des petits fours tranquilles. Il a été, au contraire, la cible de féroces attaques, et au sein des évêques italiens, des voix ne se sont pas privées de critiquer son manque de diplomatie ou des prises de positions hasardeuses qui ont davantage tendu les relations avec l’État.

Fin connaisseur de la diplomatie vaticane qu’il a servie pendant des années comme secrétaire pour les Rapports avec les États (ministre des Affaires étrangères), le cardinal français Jean-Louis Tauran a estimé sur Radio Vatican que François et Parolin vont au contraire faire une bonne paire. « Le choix de Parolin est excellent, c'est un homme efficace, bon négociateur, très équilibré » qui devrait donc compléter l’action du pape argentin. « Ce sont deux hommes qui ne se laissent pas impressionner par les événements. » L’histoire devrait rapidement confirmer ou non ces prévisions. Fusible, un secrétaire d’État du pape ne dure que le temps que durent généralement les fusibles.

Lucien Mpama