Nord-Kivu : quel sens peut avoir Halloween ?

Jeudi 31 Octobre 2013 - 18:01

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Des humanitaires italiens appellent à penser aux enfants de RD Congo accusés de sorcellerie.

Dans une interpellation forte, deux organisations humanitaires italiennes, invitent l’opinion à ne pas jouer à l’autruche. Pour l’organisation MLFM (mouvement de lutte contre la faim dans le monde) et la FOCSIV (Fédération des organismes de volontariat italiens), la fête de Halloween qui se célèbre dans la nuit du 31 octobre n’est pas une occasion de joie et de facéties pour tous. Pendant qu’en Italie et dans bien des pays du monde des enfants vont jouer à se travestir en « sorcier » pour cette fête, dans la région du Nord-Kivu, à l’est du Congo, des d’enfants vivent en vraie la situation injuste d’être accusés de sorciers, soutiennent les deux organisations.

 

« Des dizaines d’enfants vont ainsi se voir nier des droits humains et acculer à vivre une vie de marginaux dans la peur, les privations et les persécutions », rappellent les organisations non-gouvernementales italiennes. Elles ont lancé une campagne de récolte de fonds pour soutenir des projets qu’elles mènent depuis des années dans le Kivu pour soutenir des activités destinées à redonner la dignité niée à ces enfants, « souvent de jeunes filles, victimes innocentes de pratiques superstitieuses ».

 

« Quand j’ai démarré ces activités d’aide aux fillettes abandonnées parce qu’accusées d’être des sorcières, c’est le mouvement (le MLFM-Ndlr) qui m’a permis de trouver la force pour aller de l’avant », se rappelle Natalina Isela. « Il y a quelques années encore, le phénomène des jeunes sorcières était inexistant. Aujourd’hui, les cas sont de plus en plus nombreux, conséquence d’une dégradation matérielle et morale due à la guerre ». L’humanitaire relève que ces fillettes marginalisées par la violence des adultes deviennent parfois elles-mêmes – et eux-mêmes – vecteurs de violence. Il faut arrêter le cercle vicieux.

 

Les slogans choisis pour la campagne sont des formules chocs. « Dans la nuit de Halloween, aide-nous à réaliser une vraie magie », proclame l’un d’eux. Ils invitent à faire don de ce que le cœur de chaque Italien est disposé à donner pour aider. C’est en donnant, et non en se contentant de la joie éphémère d’une nuit, poursuivent les formules choisies, « que l’on pourra dire qu’on n’a pas rêvé ». Pour nous et pour les autres, il faut communiquer cette joie « pour nous prémunir de vivre une vraie enfance sans crainte des superstitions ». Visiblement les messages s’adressent en particulier aux petits italiens. Mais en communication, on sait qu’ils sont la ligne la plus droite pour atteindre le cœur des adultes.

Lucien Mpama