Opinion

  • Brin d’histoire

28 novembre ou 15 août, il faut choisir !

Vendredi 29 Novembre 2013 - 0:35

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Depuis qu’elle a été instituée fête de la République par la loi n° 18-2010 du 27 novembre 2010, la date du 28 novembre 1958 est commémorée sans faste, le 15 août – commémoration du 15 août 1960 – faisant office de fête nationale. Un embrouillamini.

Il y a plus de cinquante ans, un confrère s’interrogeait déjà : le 28 novembre ou le 15 août ? « Le 28 novembre, écrivait-il, le Congo accédait à son autonomie interne. À la vérité, il aurait pu, ce jour-là, proclamer son indépendance. » Réalisme ou couardise ? s’interrogeait-t-il. Ce qui est certain, c’est que le Congo a, jusqu’en 1962, le 28 novembre pour jour de fête nationale. Cette année-là, le président Fulbert Youlou dote le pays de la première télévision en Afrique noire.

Tout commence, en effet, avec le référendum de septembre 1958. Il s’agissait de choisir entre l’indépendance totale ou l’indépendance au sein d’une communauté. On se souvient que la Guinée de Sékou Touré fut la seule à choisir l’indépendance immédiate. Ce pays paie encore les conséquences de ce choix inaugural, jugé courageux à l’époque, mais qui s’est révélé calamiteux.

À une très forte majorité, le Congo choisit la communauté. L’arrêté n° 4107/cab du 3 novembre 1958 promulgue la délibération n° 112/58 du 28 novembre de l’Assemblée territoriale du Moyen-Congo par laquelle celle-ci déclare opter pour le statut d’État membre de la communauté et proclame la République du Congo. Le gouverneur Deriaud déclare à cette occasion : « Vous venez de donner ainsi à la patrie congolaise l’indépendance véritable de ses fils, celle qui permettra, dans l’assurance de solidarité efficiente et fraternelle de la communauté, de consacrer la volonté ardente de servir qui anime les élites politiques du pays aux aspirations profondes de ses masses vers l’amélioration de la condition humaine. » Indépendance, le mot est lâché. Mieux, « indépendance véritable ». Même si, conformément à l’article 79 de la Constitution de 1958, la République française continuera de régler les questions communes.

Le 18 août 1959, le drapeau est fixé ; le 3 novembre de la même année la devise de la République du Congo est adoptée, de même que l’hymne national, le 21 novembre. À la même date, l’abbé Fulbert Youlou est investi président de la République. En somme, la République du Congo dispose de tous les attributs de la souveraineté. En droit, faut-il le redire, le Congo existe en tant que république. C’est cette existence qui est invoquée par Stéphane Tchitchelle, vice-président et ministre des Affaires étrangères de notre pays pour s’opposer aux velléités des autorités du Congo-Belge de nommer leur pays République du Congo. Las, elles optent en fin de compte pour République démocratique du Congo. Cette victoire du nom est le premier succès diplomatique du Congo.

Que représente alors le 15 août 1960 ? Une péripétie de la vie nationale comme la révolution des 13, 14 et 15 août 1963, qui, pendant plus trois décennies, a été la principale cérémonie officielle de notre pays. En vérité, cette date du 15 août 1960 marque la sortie en douceur du Congo de la communauté. Par une manœuvre référendaire, un brin dilatoire, le général de Gaulle a atténué le choc d’une sortie massive du giron de la France, de ses anciennes colonies, entre autres, des pays africains, à un moment où son hégémonie était mise à mal. Quant à la souveraineté internationale, si elle signifie reconnaissance par l’ONU, elle intervient le 20 septembre 1960. Alors, dans ce magma fumeux de dates, laquelle choisir ?

Foin de jeu de mots, le 28 novembre 1958 est bien l’acte de naissance de la République du Congo. La chanson de l’orchestre Novelty, Le 28 novembre 1958, indépendance nationale, publiée par les éditions Ngoma, est symptomatique de la signification que revêt, à l’époque, cette date fondatrice de notre république, contrairement aux allégations spécieuses de notre confrère, il y a plus de cinquante ans. On ne naît pas deux fois.

Au lieu de continuer d’en faire un appendice du 15 août, il faut redonner à la date du 28 novembre le caractère de fête nationale qu’elle a eu dans le passé. Ce sera le début d’une remise en ordre de notre histoire qu’on tricote et détricote régulièrement avec légèreté. Personne n’y échappe. N’est-ce pas, enfin, l’occasion de faire œuvre de salubrité historique ?

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Brin d’histoire : les derniers articles