Journée internationale de lutte contre la corruption : la RDC risque un effondrement socioéconomique

Mardi 13 Décembre 2016 - 18:15

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Depuis le début de 2016, aucun des bureaux de l’Assemblée nationale (AN) n’a produit un rapport financier sur sa gestion, alors que le bureau de l’AN devrait incarner les valeurs de transparence, d'intégrité et de redévabilité, car elle est l’émanation du peuple congolais qui ne cesse de demander la bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques de l’État. Cette révélation troublante a été faite par le secrétaire exécutif de la Ligue congolaise de lutte de contre la corruption (Licoco), Ernest Mpararo, à l’occasion de la cérémonie commémorative de la 11e Journée internationale de lutte contre la corruption.

À l’initiative du Réseau des parlementaires africains de lutte contre la corruption (Anac), de la Licoco) et d’autres structures privées et étatiques, la 11e Journée internationale de lutte contre la corruption, placée sur le thème « Unis contre la corruption pour le développement, la paix et la sécurité», a été célébrée le 9 décembre, dans la salle des spectacles de Palais du peuple. L’évènement s’est déroulé en présence du Premier vice-président de l’Assemblée nationale et d’autres autorités du pays. Cette journée avait comme principal objectif de rappeler et de mobiliser les décideurs sur les principes de redevabilité, de la transparence, de l’éthique et de la bonne gouvernance afin de renforcer le mécanisme de lutte contre la corruption.

Face à la problématique de la corruption érigée en système généralisé en République démocratique du Congo, le conseiller spécial du chef de l’État en matière de bonne gouvernance, le Pr Luzolo Bambi regrette l’inaction du pouvoir judiciaire pour sanctionner la corruption et lutter efficacement contre l’impunité. C’est ainsi qu’il a lancé un appel à la mobilisation générale de tous les Congolais pour combattre la corruption : « Plusieurs discours ont été prononcés sur les causes de corruption, plusieurs documents scientifiques, stratégiques de lutte contre la corruption ont été déjà publiés. La lutte contre la corruption aujourd’hui n’est plus une question de loi, mais c’est un problème d’engagement de chaque Congolais dans sa structure mentale propre pour lutter contre la corruption et inverser la tendance pour maximiser les recettes au profit du bien-être de la population ».

De toute évidence, la RDC subit en permanence l’impact destructeur de la corruption dans ses différents secteurs de la vie nationale, allant de la petite à la grande corruption. Et ce, sans pour autant offusquer les autorités judiciaires du pays qui disposent des mesures coercitives pour réprimer tout acte de corruption. Conséquence : des millions de dollars (pouvant servir par exemple dans les secteurs sociaux de base) se volatilisent chaque année. Selon le coordinateur de la Cellule nationale contre l’impunité au sein du ministère de la Justice, une enquête menée auprès du Parquet général près la Cour d’appel de Matete et de la Gombe dans la ville de Kinshasa révèle que sur les cinq dernières années, il n’y a que 0.09 % d’infractions de corruption qui ont été poursuivis dans ces deux juridictions de la ville de Kinshasa. Les deux Parquets généraux de Kinshasa ne peuvent cependant pas nier l’existence des dossiers de corruption alors que les médias nationaux comme internationaux publient très régulièrement des scandales liés à la corruption en RDC.

Tenez, on estime à plus de 500 millions de dollars dilapidés dans le dossier des infrastructures construites dans le cadre du contrat chinois à Kinshasa et au Katanga. Les conclusions accablantes de la Commission d’enquête Mayobo sur le dossier de la fibre optique, l’affaire Fond de promotion d’industrie (FPI), dont plus de 140 millions de dollars, continuent à circuler entre les mains des politiciens en termes de crédit non remboursé ; on peut ajouter sur cette liste non exhaustive l’affaire Fonds d’investissement américain OCH-ZIEF, Panama Pampers, l’affaire de 880 millions de dollars des royalties, le dossier BGFI Bank-Céni, la gestion opaque de la Gécamines et de la Régie des voies aériennes (RVA). Tous ces exemples parmi tant d’autres dossiers dénoncés par les médias nationaux et internationaux devraient motiver et amener les autorités judiciaires à ouvrir des enquêtes ou des actions judiciaires contre les présumés auteurs. Confrontée à ce sombre tableau, la RDC est loin de sortir du bout du tunnel.

Aussi la Licoco tire-t-elle la sonnette d’alarme pour alerter l’opinion publique sur les conséquences dévastatrices de la corruption. Selon le secrétaire exécutif de la Licoco, Ernest Mpararo, l’heure est grave. La situation est délicate. Pour y remédier, il exhorte les décideurs au bon sens, sinon la RDC risquerait de disparaître sur la carte de l’Afrique. Il est établi par les Nations unies que la corruption s’attaque aux fondements des institutions démocratiques en faussant les élections, en corrompant l’État de droit et en créant des appareils bureaucratiques dont l’unique fonction réside dans la sollicitation des pots de vin. Elle ralentit le développement économique et contribue à l’instabilité gouvernementale.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Les intervenants à la 11e journée internationale de lutte contre la corruption

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