La Russie compte rebondir en Afrique à partir de l’Italie

Jeudi 19 Décembre 2013 - 18:55

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C’est par un partenariat plus concret en Afrique que la coopération russe entend se relancer

La visite du président russe Vladimir Poutine en Italie, au mois de novembre, a mis en lumière les seuls aspects jugés importants par les médias occidentaux. Sa poignée de main avec le pape François ; son dîner avec l’ancien Premier ministre et ami Silvio Berlusconi ; le rôle de la Russie et ses relations avec l’Europe… Mais les journaux ont quasiment passé sous silence une autre rencontre, insolite en vérité, ainsi que les raisons de cette rencontre inscrite à l’agenda du président russe.

Vladimir Poutine a en effet rencontré l’ancien Premier ministre italien et ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi. Actuellement représentant du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahel, Romano Prodi qui a volontairement tiré un trait sur ses activités politiques dans son pays pour mieux se consacrer à l’Afrique, est très actif sur le terrain du développement.

À toutes les tribunes, il ne cesse de réaffirmer qu’il faut attaquer de front les besoins essentiels de l’Afrique par un partenariat qui fait moins dans les paroles. Mener l’eau potable jusque dans les villages reculés ; scolariser les enfants, surtout les filles ; booster les possibilités de l’agriculture par un plus grand recours à l’irrigation ; implanter des centres de santé qui répondent aux exigences premières des populations, etc. sont devenus ses dadas.

Il se trouve que l’homme politique italien a trouvé dans le président Poutine une oreille très attentive. D’autant qu’il n’y a pas tellement longtemps encore, c’est la Russie soviétique qui assumait le rôle de « développeur » majeur dans beaucoup de pays africains, alors alliés politiques et idéologiques de l’ancienne puissante Union soviétique. Des générations de cadres africains ont été formés en Russie. La rencontre Prodi-Poutine est allée au-delà de la durée annoncée par le protocole. Elle a permis des échanges « fructueux » sur la place, que la fédération russe entend reprendre dans les missions de paix en Afrique.

« Ce fut une rencontre très satisfaisante. Nous avons longuement parlé du sort du Sahel et du rôle que la Russie peut y assumer. Nous voulons stimuler une sorte de concurrence vertueuse des donateurs », a commenté Romano Prodi. Il a fait part de la disponibilité du président russe à jouer un rôle accru et direct dans la nouvelle stratégie de coopération au Sahel, une région que ne menace pas seulement l’avancée du désert. L’activisme djihadiste, dont la Russie connaît aussi des effets, notamment dans certains États du Caucase, a trouvé au Sahel un sanctuaire qui a failli faire échec à la volonté de normalité dans un pays comme le Mali.

« Je ne suis pas un spécialiste des questions d’immigration, mais la coopération avec la Russie peut aussi trouver ses retombées positives sur cet aspect de la question au Sahel » devenu région-passoire pour des milliers de clandestins de l’Afrique subsaharienne qui tentent de gagner l’Europe. Rappelons d’ailleurs que l’Union soviétique fut une partenaire de poids pour le Mali, l’Algérie, la Libye et l’Égypte, aujourd’hui pays centraux dans la tentative européenne d’enrayer le drain migratoire africain par le Sahel.

Lucien Mpama