Monnaie : le Franc CFA entre réforme et disparition

Jeudi 6 Avril 2017 - 18:56

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Les éminents économistes et experts comptables, ainsi que les politiques et autres acteurs ont épilogué le 6 avril à Brazzaville sur la thématique «Franc CFA : stop ou encore ?». D’aucuns ont plaidé pour l’appropriation de cette monnaie par les 14 pays concernés, alors que d’autres ont insisté sur la réforme et la rigueur dans la gouvernance publique, en vue du développement.    

L’un des intervenants, l’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, a indiqué que la monnaie était un instrument politique et de souveraineté. «L’idéal est que nous ayons notre monnaie et qu’elle soit gérée par nos Etats», a-t-il soutenu.

Pour lui, la tutelle de la France sur le Franc CFA constitue «une insuffisance majeure et fait de nous les mineurs économiques». Il n’est pas question de jeter le Franc CFA, mais de faire évoluer les règles, les relations entre le Trésor français et les 14 pays africains utilisant cette monnaie.

«Ce n’est pas le Franc CFA qui va développer nos pays. La monnaie peut certes nous aider, mais si nous voulons lutter contre la pauvreté, nous devons agir auprès des populations les plus démunies», a-t-il dit.

De son côté, l’ancien ministre sénégalais, Djibril Ngom a signifié qu’il était pour le maintien d’un système, mais un système qui soit amendé. Ainsi, a-t-il appelé les pays de la zone Franc à opérer les réformes économiques profondes.

«Nous avons une faiblesse des échanges intra-zones. La monnaie peut apporter quelque chose, mais elle ne peut pas augmenter la production. Il faut augmenter la production, la valeur ajoutée, la transformation», a-t-il ajouté.

Intervenant sur l’expérience de son pays dans la gestion de sa monnaie autonome, le Franc congolais, l’ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC), Augustin Matata Ponyo a insisté sur la rigueur dans la mise en œuvre des politiques et réformes économiques.

La politique monétaire doit être liée à la politique économique, a-t-il lancé, invitant à l’amélioration de la gouvernance publique, à la maximisation des recettes et à la rationalisation des dépenses publiques.

«De 2010 à 2015, nous avons géré notre monnaie avec rationalité. Nous avons enregistré un taux d’inflation plus bas de 0,8% en 2015 contre 9700% en 1993».

Pour sa part, l’ancien ministre gabonais et ancien administrateur du Fonds monétaire international (FMI), Alexandre Bara Chambrier a estimé que la monnaie devrait être au service de l’économie.

Il a évoqué la nécessité de l’indépendance des banques centrales, de la bonne gouvernance politique, avant de déplorer la faiblesse du système monétaire et l’absence d’intégration régionale en Afrique centrale.

Alexandre Bara Chambrier a aussi épinglé la diversification de l’économie, car «le Franc CFA ne doit pas être utilisé comme un bouc-émissaire de nos propres insuffisances. Il faut une bonne gouvernance, une prévisibilité macroéconomique, une gestion plus rigoureuse des ressources pétrolières».        

Créé officiellement le 26 décembre 1945 par la France, le Franc CFA est une monnaie utilisée par 14 pays d’Afrique francophone dont 8 appartenant à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et 6 à la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cémac).  Tous ces Etats furent des anciennes colonies de la France.      

Christian Brice Elion

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