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Un grave conflit mondial en vue ?

Samedi 8 Avril 2017 - 12:45

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L’incertitude gagne chaque jour une portion importante de terrain sur le champ des relations internationales. Exactement comme si le monde dans lequel nous vivons, miné par tant de conflits, était en fin de cycle et éprouvait le besoin de se renouveler. La question est de savoir, quelle forme prendra ce renouvellement qui s’annonce dans un certain chaos. Se réalisera-t-il par le dialogue entre les nations, de sorte que les institutions dont c’est la mission, à l’instar de l’Organisation des Nations unies, soient replacées au cœur des enjeux, ou au contraire assistera-t-on au retour de l’unilatéralisme des puissants qui plongèrent autrefois l’humanité dans deux guerres destructrices la première moitié du siècle dernier ?

Comment, en effet, ne pas par exemple voir dans la lutte d’influences autour de la crise syrienne les ingrédients d’une escalade qui pourrait dégénérer à tout moment entre la Russie d’une part, les Etats-Unis et l’Europe d’autre part, tant chacun des acteurs semble camper sur ses positions. Depuis le début de la guerre civile syrienne, en 2011, l’Europe et, en particulier la France font du départ du président syrien Bachar Al Assad, la condition à toute solution de sortie de crise dans ce pays. Paris avait de ce fait apporté son soutien à des rebelles dits modérés, qui se sont mués pour certains en d’irréductibles djihadistes. En pleine campagne électorale pour la présidentielle, il est vrai que la voix de la France dans ce conflit ne portera que lorsqu’une nouvelle équipe s’installera à l’Elysée. On sait néanmoins que les principaux candidats ont des positions nuancées sur ce conflit.

Après avoir longtemps hésité, la Russie s’est pour sa part engagée de plein gré aux côtés du chef de l’Etat syrien, soutenant qu’il est la solution, sinon le moindre mal face aux islamistes. Une attitude que ne lui a pas pardonné l’ancien président américain, Barack Obama, dont les relations avec son homologue russe, Vladimir Poutine, s’étaient fortement dégradées avant que l’ex-locataire de la Maison Blanche ne prenne sa retraite présidentielle, le 20 janvier dernier. A chacun sa vision - et c’est là certainement qu’il y a problème- son remplaçant à la tête de la première puissance mondiale, Donald Trump, a plusieurs fois varié son appréciation de la situation en Syrie. Le 30 mars, en visite à Turquie, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson laissait entendre que « le sort du président Assad sera décidé par le peuple syrien ».

Cette déclaration supposait-elle que Washington s’alignait sur les positions de Moscou ? Peut-être pas complètement comme le montre la réaction au vif du président des Etats-Unis. En six ans de guerre civile syrienne, la Maison Blanche a pour la première fois ordonné dans la nuit du 6 au 7 avril, des frappes contre les positions des forces de Damas. L’administration Trump est remontée contre l’attaque au gaz imputée au régime syrien, dans laquelle de nombreux civils, dont des enfants été visés. Cette réaction inattendue, ce n’est pas déjà la guerre, mais elle indique que d’autres interventions du même type pourraient suivre tant que se multiplieront des attaques au gaz, mais pourtant aussi tant que durera la guerre. Il est certain que la Russie n’a pas apprécié, qu’elle continuera à défendre son allié syrien.  

Les guerres commençant toujours par des incidents mineurs, ne pense-t-on pas que les conditions d’un conflit mondial d’ampleur, d’une troisième guerre mondiale, sont en train d’être réunies depuis un bon moment ? Si tel n’est pas le cas, l’enseignement qu’il convient de tirer des conflits qui ravagent plusieurs nations aujourd’hui, et de la surenchère qui les accompagne est que nous sommes entrés de plain-pied dans une phase de désordres planétaires dont l’issue demeure aussi incertaine que l’est la nature des solutions envisagées pour les résoudre. Et si en plus on devait compter sur le caractère imprévisible des acteurs en présence, il y a de quoi redouter le pire.

Gankama N'Siah

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