Marché : lente agonie pour les petits producteurs agricoles

Mardi 18 Avril 2017 - 12:49

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La dépréciation de la monnaie nationale provoque des terribles perturbations dans les opérations liées à la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles sur l’étendue du territoire national. Si leur vente se fait toujours en franc congolais, tous les services sont indexés en dollar américain, s'alarme le monde paysan. Et cette situation finit toujours par peser lourdement sur le portefeuille du consommateur final.  

Au-delà des prix plutôt instables en raison du nouveau cycle de dépréciation du franc congolais sur le marché de change, la plus grande inquiétude des paysans vient plutôt de la baisse sensible du volume de production des légumes et autres produits maraichers ces derniers mois. L’on assiste à une lente agonie des petits producteurs agricoles. Plusieurs causes expliquent ce profond malaise dans un secteur qui peine à décoller malgré le potentiel quasi-inexploité.

Pression inflationniste

Sur le plan économique, la baisse continue de la valeur du franc congolais représente effectivement un vrai problème. Le taux de change exerce une pression considérable sur l’agriculture familiale. En l'espace de six mois, c’est-à-dire entre septembre 2016 et mars 2017, il est passé de 930 à 1 400 Fc le dollar américain. Bien entendu, les prix des biens de première nécessité et des services ont suivi la tendance haussière. Dans le cadre des ajustements, les commerçants ont doublé ou même triplé leurs prix sur le marché, au grand dam des consommateurs. Le sac de cossette manioc est ainsi passé de 50 000 à 80 000 Fc, alors que celui du maïs se négocie à 65 000 Fc contre 30 000 auparavant. La hausse du carburant a contribué également à exercer une pression supplémentaire sur les prix car le transport représente jusqu’à 60 % du prix final d’un produit agricole. Et ces produits proviennent pour l'essentiel de l’intérieur du pays, des villages.  

Violation des règles du marché

Mais un autre phénomène inquiète le monde paysan. Le producteur agricole ne gagne rien de son activité. En effet, il faut souligner le fait que les commerçants achètent les produits agricoles à vil prix auprès de ces producteurs pour les revendre ensuite au prix fort dans les milieux urbains. Tous les frais investis par le producteur partent finalement en fumée. Par ailleurs, ce dernier doit faire face au coût exorbitant des intrants. Pour boucler la boucle, la vente des produits se fait en franc congolais mais il doit payer l’équivalent en dollar américain des différents services. Pire, les commerçants et autres intermédiaires très souvent véreux imposent des taux inférieurs lors des négociations avec les producteurs.  

Laurent Essolomwa

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